Fable de cendre sous mes pas
âme fantôme
Elle
s'épuise en pure perte
et l'or d'Elle s'écoule
tandis que palpitantes murmurent
balbutiantes les paroles
in Sable, Sand, p.24, Maryline Bertoncini et Wanda Mihutleac, éditions Transignum, Paris, 2019
ô corps de Danaé enseveli sous l'or
du désir sable devenu té
meuble et fluide manteau instable
là pénètre la dissout
flamme palimpseste
d'elle-même
dans l'éternel inchoatif des nues qui passent en reflet
des dunes grises de la mer et des vagues de sable
les pas sans fin s'enchaînent
sans fil sans trace
ibid p.28
Lovée au creux des dunes
le nez contre le sable humide à peine sous les touffes de carex
comme au creux d'une aisselle au parfum minéral
intense et fade dans la mémoire
caresse rêche animale et poudreuse
je sais qu'Elle respire
de nous de notre rire
je déboule dévale le long du flanc de Sable
et la dune s'écroule émue de son écume sèche
je déboule dévale du giron de la dune
et ma main écorchée à sa couronne barbelée
saigne couleur de rouille sur l'éclatant
cristal
de silice
Je suis fille de Sable
mais les mots
m'appartiennent
Je crie
J'écris.
Marilyne Bertoncini p.48
Grain
Pour l'enfant, le grain, c'est d'abord celui d'une peau,
celle de sa mère dont le corps est le plus beau des paysages.
Ce grain, on ne l'oublie jamais.
Il est le souvenir enfoui qui émerge quand on s'y attend le moins
dans le souffle chaud de la grâce.
Un seul grain de sable recèle tout le sable,
tous les destins des êtres et des choses,
la vie et la mort aussi.
La légère de ce grain est sa force,
son humilité est sa beauté.
ibid p.53
Marilyne Bertoncini et Wanda Mihleac, paru aux éditions Transignum, le 2 janvier 2019.