Hommage
Terre
aux seins ronds en feu
j'oublie
dans la ville
qui se regarde
combien je te dois
d'aurores et de couchants
comme ton sol est juste
à celui qui sait attendre
quand la moitié
du monde dort
l'autre se lève
toi tu tournes
en silence
ton rouet dans le cosmos
tu recueilles les morts
pour donner aux vivants
sans toi
qu'adviendrait-il
de la marguerite
de la femme allongée dans le champ
et des oiseaux ?
Je dis Terre
comme je dirais
ma mère
les larmes aux yeux
En la voyant vieillir
mais alors
que je prends de l'âge
Toi tu mûris
Avec tes feuillages
tes grands lacs
ton génie du lieu
tes labours
grâce à toi je suis
plus tard je resterai
encore plus près de toi
je t'appelle souvent
du temps perdu
comme on attend
son camarade
Terre
encore plus belle
qu'une fille des nues.
Michel Merlen, Inédits, in la revue Décharge n° 126, L'idée bleue, p.p.5/6, mis en ligne le 25/8/ 2023