on n'étanche qu'une partie des larmes
nos mots sont trompeurs nos efforts insuffisants
Il reste des chants d'oiseaux à la nuit tombée
des cœurs malgré l'âge amoureux
et dans l'ombre l'inconnu d'un poème
in Progression jusqu'au cœur, Par delà plaies et blessures, éditions L'Herbe qui tremble, 2018, p.128
Ce sont autant de mots, qui par les temps qui courent, nous sont précieux. Leurs sucs voudraient apaiser toutes nos faims et nous soutiennent avec une extrême délicatesse, à l'image de leur auteur.
Parole ouverte
à l'attente au silence,
silence qui écoute
attend
écoute encore
jusqu'à ce qu'il s'emplisse
de mots de notes imprévus.
in Progression jusqu'au cœur
restent des mots
qu'on garde en bouche,
curieux de l'effet des sucs libérés.
ibid in Fragments de l'oubli p.114
Par la grâce de l'écriture, une épaule, parfois, survient :
Parfois tu voudrais juste une épaule
où appuyer ta tête et ta peine,
une main caressant tes cheveux
en silence avec patience
sans chercher à raisonner
cette peine qui n'en finit pas
de remonter d'un passé
plus obscur de ce rayonnement
d'alors par-dessus plaies et blessures.
in Par delà plaies et blessures, p.142
Avec le temps, il arrive, un jour, que la mémoire qui s'est tant souvenue, se sait enfin plus forte que la nostalgie. Dès lors :
Nous nous retournerons chaque soir
et graverons dans notre mémoire
ce que la journée offrit de bon,
comment nous avons goûté la vie,
quel appel nous parvint, en quel coin
de notre cœur fut bêché, sarclé
le terreau de notre humanité.
ibid p.151
Béatrice Marchal vit à Paris et se ressource régulièrement dans les Vosges, où elle a passé sa jeunesse;
elle collabore à plusieurs revues poétiques.
Bibliographie:
Béatrice Marchal, Un Jour enfin l'accès, suivi de Progression jusqu'au cœur éditions L'herbe qui tremble, 2018