Enfant, j'étais, selon mes parents, sous la surveillance assidue d'un ange gardien.
Ce dernier voyait quand je me rongeais les ongles en cachette ou quand je dormais avec mon
oreiller entre mes jambes, et parfois j'entendais sa voix à travers la cloison lorsque je
me préparais à faire une bêtise !
"La voix de la sagesse" me poursuivit ainsi jusqu'à ce que je réalise que ma sœur ainée
avait le même ton de voix que le dit ange et que mon berceau était juste contre la cloison
de sa chambre...
J'ai découvert ce jour-là la duplicité des grandes personnes et choisi de faire plutôt
confiance à la voix de la poésie, que ma sœur aînée s'est empressée de me faire apprendre
par cœur, avant même que je sache
lire !
"Donner son sang aux anges qui passent" m'est depuis un merveilleux passe-temps.
Bobin affirme: "tout m'est lecture. La plus grande partie de ma bibliothèque est dans
le ciel, avec ses volumes dépareillés de nuages, jamais à la même place".
"Le vent, en secouant les feuillages, fait tomber quelques gouttes de lumière sur mon
âme étonnée. Il suffit de s'asseoir sur une chaise et d'attendre une heure, un jour, une
vie pour que cette attente soit récompensée.
in Chaque jour la même énigme, un jour la
solution."
ibid p.60
Ces vacances insolites à la maison, avec un livre de Christian Bobin à la main, vous
auront été également , je l'espère, source de plaisir.
Bibliographie:
"Une bibliothèque de nuages", Christian Bobin, Lettres vives, 2006