Plus fort que le vent
il y a ta voix
plus fort que la source
il y a tes yeux
et le feu pour aimer
plus large que le soir,
et la mer pour aller
plus loin que l'aube claire
plus loin que les buissons des bouches empourprées
au droit sentier du sang
le pur jardin de braise
plus large que nos vies
l'orage du désir.
in Un chardon de bleu pur, éditions L'herbe qui tremble, 2018,p.23
On ne peut pas toujours cacher
le feu habillé de feuilles.
On ne peut pas toujours étouffer
l'orage qui monte des gorges de la terre.
Un regard suffit
pour trouer la solitude
cette litière de cendres
où l'on roulait sans fin.
Un regard suffit
cueilli dans ta lumière
un chardon de bleu pur
tout affamé de braises.
ibid p.16
Ces deux brefs poèmes, sitôt lus, nous saisissent par leur ardeur, nous revient ce goût de vivre, de ressentir et d'aimer!
Dans un soulèvement de nuées, voici la chair des fleurs multipliée, entre les fleuves, et sous les ailes, les vents et les feux épousés !!!
Il arrive quelque fois que nous perdions la terre
au bout des pieds
comme un pétale de vent
une colline effondrée
sous un pur buisson d'ailes
une clairière de pluie au carrefour du cœur.
L'abîme qui s'entrouvre
a couleur de nuit tendre
la chaleur palpite armée du feu secret.
Si on pense à la mort
au clair visage d'ange
soudain marchent les ombres
d'une invisible forêt.
ibid p.30
Libertine légèreté, qui ranime, telle un volcan ardent, des sens que nous pensions à jamais endormis !
Suivent les Douze louanges d'un inépuisable amour nouant l'âme et la chair, menant chemin de roses jusqu'en l'obscur des ravins; elles sont autant d'invites à poursuivre, coûte que coûte, une vie généreusement nourrie de poésie.
IV
Tu me demandes
Amour
Un peu d'eau fraîche
Au bord du puits
Tu me rends
Quelques gouttes
Il pleut l'éternité
in Un charbon de bleu pur, Douze louanges, p.88
Savourons pleinement la rencontre biblique, qu'évoque ce poème, tel un bref moment d'éternité, au bord d'un puits.
Bibliographie:
- Un chardon de bleu pur, Gérard Bocholier, L'herbe qui tremble, 2018