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Lorsque tu penses au fleuve, viennent des mots
simples comme l'eau.
Reflets de soleils fugaces. Le ciel a laissé tomber
ici un vitrail.
Un peu d'éternité craquelle l'eau qui va, c'est
assez pour ignorer l'effroi.
in
Veilleur d'instants, 3.Automne, L'herbe qui tremble, 2017, p.98
Philippe Mathy est un poète belge, né à Manono, au bord du fleuve Congo en 1956, dans un pays qui s'appelait encore le Congo belge et qu'il a dû quitter à l'âge de quatre ans. Il partage désormais sa vie entre deux régions traversées par un fleuve, soit la commune de Brunehaut, en Belgique, proche de L'Escaut et Pouilly-sur-Loire, en Bourgogne nivernaise.
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De petits riens. Les bruissements les plus
sobres. Vols de bourdons. Chants d'oiseaux.
Feuilles qui frémissent dans le vent.
Le murmure d'une voix s'élève pourtant. Une
invisible voix. Elle délivre une parole qui respire,
dont on a peine à comprendre le chuchotement
doux. Pour peu que nous l'écoutions avec une
totale attention, elle nous conduit jusqu'au chant.
ibid p.96
Les souvenirs remontent en foule et l'émotion croît, tandis que l'eau poursuit son chemin...
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Tu es assis
au bord du ruisseau
Tu ne bouges pas
Tu regardes l'eau qui va
C'est en toi
que chantent les petites cascades
C'est en toi
que s'éclairent les pierres blanches
sous les remous
Tu es immobile
Pourtant tout bouge en toi
C'est toi que l'eau traverse
Peut-être pour te laver
du temps qui va
in
Veilleur d'instants, I Printemps, p.47
10
Ciel bleu d'avril
sur le chemin
le bleu profond des pulmonaires
Tant de bleus dans le cœur
qu'on ne sait plus
s'ils sont venus
du ciel
des fleurs
des coups reçus
Où va la vie qui va
si vite
si belle
si cruelle ?
ibid p.52
Soudain,
au sortir du chemin / sous les arbres / une petite flambée de vent, la poésie est là qui palpite .
10
Parfois un ange nous traverse,
comme une absence,
un rire dont nous n'aurions perçu
que la transparence.
Un affluent nous a rejoint
au seul souci
de se mêler à notre eau.
Nous avançons plus forts,
sans même savoir que,
au plus profond de nous,
un visage
nous a fait don de disparaître.
in
Veilleur d'instants, Ailes dessinées d'ombres p.128
Laissons-nous habiter par cet élan poétique, ce fleuve qu'est la poésie ne nous laisse jamais démunis, à condition de lui faire pleinement confiance .
Bibliographie :
- Veilleurs d'instants, éditions L'herbe qui tremble, 2017
sur internet :