Daniel Martinez est aussi le maître d'œuvre de la revue trimestrielle Diérèse, entièrement consacrée à la poésie.
Dans
La Croisée des saisons,
Daniel Martinez rejoint et prolonge l’interrogation proustienne,
celle du « temps perdu […] sa hantise et son
tremblement ; car le goût du bonheur ne suffit
pas ».
Comment donc « [s’]inscrire en faux contre l’oubli de
l’être », l’usure inexorable du
désir, sinon par
l’écriture, puisqu’écrire, c’est «reconnaître son chemin,
pour en redessiner le
parcours à sa guise », ce qui équivaut
à « aller vers son enfance, résolument ». Renouer avec
« l’autre que je fus » devient en effet la chance de
percevoir le monde autour de soi « à juste
hauteur
d’accomplissement », une fois « l’identité
personnelle dissip[ée], le moi estomp[é] »,
une fois que le
corps – et l’esprit ! – ne sont plus « empêtrés »
de leurs pesanteurs,
d’aveuglements tissés par les logiques de
tout crin. On retrouve alors « le feu simple des vies
simples
arrachées au rien », rendues à « l’Immense ».
L’innocence, avec laquelle
précisément, par son attention aux
« basculements imprévus de la conscience, du passé au
présent, et vice-versa », tente de renouer le poète, c’est
« de garder l’attrait ou la fraîcheur de
la première
fois », c’est « d’en rester à cette impression
première qui tout régit », et cela en
« s’en
remett[ant] à l’élan vital, qui […] aimante à lui seul la
plénitude du présent ». Une
conversion est toutefois
nécessaire, celle de « l’œil [qui] se tourne en dedans »
et restitue un
monde, qui pour être invisible n’en est pas
moins réel ; conversion source de la joie, « une
façon
d’approcher le sans-nom ». Car cette joie accompagne
« l’irruption soudaine d’un
instant élu », qui est
aussi « l’irruption obstinée de l’objet, dans ses méandres
successifs, de
chair et d’encre à la fois, sous la vague
conscience que nous pourrions en avoir, notre vécu ».
Voilà
bien toute la puissance qu’aura, contrairement à la langue
« choisie pour elle seule », la
« voix dans la
voix », une fois trouvée et avec l’aide des images :
« Où l’opaque espace des
mots se défait, la matière de nos
vies, comme l’âge des neiges. Posée au bord de l’encrier :
gris-noir ».
Dès
lors, loin de ceux qui, dans un divertissement multiple et constant,
s’ingénient à « tuer le
temps », le poète peut
dire : « j’en suis à goûter le temps échu », et
son lecteur, quant à lui,
goûter l’évocation des lieux évoqués,
des splendeurs ensoleillées de Djerba aux charmes d’une
pluvieuse
montagne suisse. Telle est, proposée dans ces trois textes courts et
denses, Noir et
Sang, Le Point sensible, Le
Point de chute, qui composent La
Croisée des saisons, la réponse
de Daniel
Martinez à la question du sens et de la vie.
Béatrice
Marchal
La
Croisée des saisons, éditions
du Contentieux 2013
pour en savoir plus:
http://les-poetes.fr/parutions/parutions%20fichier/2013/COUV%20LA%20CROISEE%20PDF.pdf
http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2011/11/la-revue-di%C3%A9r%C3%A8se-un-entretien-avec-daniel-martinez.html
pour en savoir plus:
http://les-poetes.fr/parutions/parutions%20fichier/2013/COUV%20LA%20CROISEE%20PDF.pdf
http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2011/11/la-revue-di%C3%A9r%C3%A8se-un-entretien-avec-daniel-martinez.html
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