Port des Barques

Port des Barques

vendredi 30 septembre 2016

À propos d'amitié ce qu'en disent quelques poètes



Montaigne et La Boétie furent unis de leur vivant par une amitié passionnelle, qu'expliquait ainsi Montaigne au chapitre 1 des Essais :"parce que c'était lui, parce que c'était moi.Max Jacob de son coté affirmait que "l'amitié était le clou, où était pendue sa vie". Byron lui pensait que "l'amitié , c'est l'amour sans ailes".
D'autres poètes par contre ne l'évoquent jamais. À chacun de l'apprécier à sa mesure et selon son siècle.

          LES DEUX AMIS

                 Deux amis vivaient au Monomotapa.
                 L'un ne possédait rien qui n'appartint à l'autre.
                                Les amis de ce pays-là
                                Valent bien, dit-on, ceux du nôtre.
                 Une nuit que chacun s'occupait au sommeil
                 Et mettait à profit l'absence du soleil,
                 Un de nos deux amis sort du lit en alarme ;
                 Il court chez son intime, éveille les valets.
                 Morphée avait touché le seuil de ce palais.
                 L'ami couché s'étonne, il prend sa bourse, il s'arme ;
                 Vient trouver l'autre, et dit :" Il vous arrive peu
                 De courir quand on dort ; vous me paraissiez homme
                 À mieux user du temps destiné pour le somme.
                 N'auriez-vous point perdu tout votre argent au jeu ?
                 En voici. S'il vous est venu quelque querelle,
                 J'ai mon épée, allons. Vous ennuyez-vous point
                 De coucher toujours seul ? Une esclave assez belle
                 Était à mes côtés : voulez-vous qu'on l'appelle ?
                 – Non, dit l'ami, ce n'est ni l'un ni l'autre point.
                                 Je vous rends grâce de ce zèle.
                  Vous m'êtes en dormant un peu triste apparu ;
                  J'ai craint qu'il ne fût vrai, je suis vite accouru.
                                 Ce maudit songe en est la cause."

                  Qui d'eux aimait le mieux ? que t'en semble lecteur?
                  Cette difficulté vaut bien qu'on la propose.
                  Qu'un ami véritable est une douce chose !
                  Il cherche vos besoins au fond de votre cœur ;
                                   Il vous épargne la pudeur
                                   De les lui découvrir vous-même.
                                   Un songe, un rien, tout lui fait peur
                                   Quand il s'agit de ce qu'il aime.

                                                                                       (Fables VIII, 11.)

                   Jean de La Fontaine (1621-1695)
                   in Mille et cent ans de Poésie Française chez Robert Laffont 1991, p.772

        
          LES AMIS INCONNUS

                 Il vous naît un poisson qui se met à tourner
                 Tout de suite au plus noir d'une lame profonde,
                 Il vous naît une étoile au-dessus de la tête,
                 Elle voudrait chanter mais ne peut faire mieux
                 Que ses sœurs de la nuit, les étoiles muettes
                 
                  Il vous naît un oiseau dans la force de l'âge,
                  En plein vol, et cachant votre histoire en son cœur
                  Puisqu'il n'a que son cri d'oiseau pour le montrer.
                  Il vole sur les bois, se choisit une branche
                  Et s'y pose ; on dirait qu'elle est comme les autres.

                  Où courent-t-ils ainsi ces lièvres, ces belettes,
                  Il n'est pas de chasseur encore dans la contrée,
                  Et quelle peur les hante et les fait se hâter,
                  L'écureuil qui devient feuille et bois dans sa fuite,
                  La biche et le chevreuil soudain déconcertés ?

                  Il vous naît un ami, et voilà qu'il vous cherche,
                  Il ne connaîtra pas votre nom ni vos yeux,
                  Mais il faudra qu'il soit touché comme les autres
                  Et loge dans son cœur d'étranges battements
                  Qui lui viennent de jours qu'il n'aura pas vécus.

                   Et vous, que faites-vous, Ô visage troublé,
                   Par ces brusques passants, ces bêtes, ces oiseaux,
                   Vous qui vous demandez, vous, toujours sans nouvelles ;
                   " Si je croise jamais un des amis lointains
                   Au mal que je lui fis, vais-je le reconnaître ? "

                   Pardon pour vous, pardon pour eux, pour le silence
                   Et les mots inconsidérés,
                   Pour les phrases venant de lèvres inconnues
                   Qui vous touchent de loin comme balles perdues,
                   Et pardon pour les fronts qui semblent oublieux.

                                                                                      ( Les Amis inconnus)

                   Jules Supervielle (1884-1960),  ibid P.1473/1474
                 

          LETTRE À DES AMIS PERDUS

                 Vous étiez là je vous tenais
                 Comme un miroir entre mes mains
                 La vague et le soleil de juin
                 Ont englouti votre visage

                 Chaque jour je vous ai écrit
                 Je vous ai fait porter mes pages
                 Par des ramiers par des enfants
                 Mais aucun d'eux n'est revenu
                 Je continue à vous écrire

                 Tout le mois d'août s'est bien passé
                  Malgré les obus et les roses
                  Et j'ai traduit diverses choses
                  En langue bleu que vous savez

                  Maintenant j'ai peur de l'automne
                  Et des soirées d'hiver sans vous
                  Viendrez-vous pas au rendez-vous
                  Que cet ami perdu vous donne
                  En ce pays du temps des loups

                  Venez donc car je vous appelle
                  Avec tous les mots d'autrefois
                  Sous mon épaule il fait bien froid
                  Et j'ai des trous noirs dans les ailes

                  René-Guy Cadou ( 1920-1951 ) in Poésie La Vie entière, Pleine Poitrine, Seghers 1977,
                   p.175



          AMITIÉ

          Elle m'a fait vivre, presque autant que l'amour. Elle est pour moi spécialement liée à la 
          littérature, notamment par l'intermédiaire de la correspondance. Voyageant, la présence
                de mes amis devenait surtout épistolaire. Voyant leur écriture, c'est comme si je les voyais.
       Le téléphone parfois me fait entendre leur voix, mais c'est autre chose. Verba volant,
      scripta manent. J'ai besoin de sentir autour de moi ces oreilles attentives, ces regards
        bienveillants. Je leur ai souvent soumis mes textes avant de les publier, et ils m'ont été
     incroyablement utiles. Et si je publie, c'est en grande partie pour aller à la recherche,
           au milieu d'une foule hostile, de quelques amis inconnus. Il en est que je n'ai jamais vus,
        d'autres une fois seulement ; leur rencontre ou nouvelle rencontre serait bouleversante.
         Cela m'est arrivé parfois. Leur disparition est un drame ; malgré la présence des autres,
          proche ou lointaine, je suis renvoyé à ma solitude. Je voudrais les remplacer, mais c'est
   impossible ; les nouveaux joueront un rôle différent, aussi nécessaire à ma survie.   
 
                 Michel Butor, (1926-2016), Correspondance avec G.Perros, Ch.Dotremont, F.Y.
                 Jeannet, in Michel Butor par Michel Butor Seghers Poètes d'aujourd'hui 2003, p.8



                                          à Catherine de Seynes et Jean Bazaine

                 Revenez mes doux amis
                 J'aurai pour vous
                 des mots encore plus simples
                 J'aurai pour vous
                 ces racines que je me gardais
                 pour les mauvais jours
                 de l'indifférence humaine
                 J'aurai pour vous
                 ce pan de ciel
                 non révélé
                 où je fais et défais
                 les saisons torrides du dire
                 où Dieu prend ombrage de ma puissance
                 J'aurai pour vous
                 la fontanelle de mes paumes
                 étalées sur les étoiles

                Je vais vous dire ma palette
                cri Noir d'alerte saccadant l'inaudible
                blanc solennel dardant l'éphémère
                Jaune miel reclus dans ma luette
                Bleu blême transperçant la transparence
                Vert irradiant les marches nocturnes
                Rouge taraudant la pacotille des idées
                Gris déposant sur l'horizon
                l'œil vibrant de l'aurore
                Rose des vents alliés
                soufflant les rides du monde
                Des mots
                de pauvres mots
                pour dompter le taureau invisible des nuées

                Abdellatif Laâbi (1942 ) in Œuvre Poétique 1, Pâturages du silence, Éditions La
                Différence. p.308
 
Pour ceux qui ont la chance de la partager, l'amitié demeure essentielle et donne couleur et sens à la vie. Si cependant elle venait à manquer ces mots de Marie Noël, tirés des Notes intimes, voudraient nous réconforter.

                  Il arrive que nous cherchons, dans notre ami, la consolation et qu'elle ne s'y trouve pas
                  aujourd'hui.
                  Il arrive que nous ayons soif et que la tendresse de notre ami oublie aujourd'hui de nous
                  donner à boire.
                  C'est que la source de douceur humaine n'est pas inépuisable. Le consolateur a, comme
                  nous, son heure de sécheresse. Celui qui nous donne la force manque aujourd'hui de force.
                  Celui qui relève notre joie est tombé, aujourd'hui, de sa joie.
                  Comprenons-le. Ayons compassion à notre tour de cette pauvreté. N'exigeons rien. Ne
                  réclamons pas sans cesse de l'amitié, de la bonté, le plus dont elle est capable, mais soyons
                  toujours reconnaissants pour le moins dont elle dispose...le peu qu'elle a et nous donne.
                  Et sachons attendre. L'instant vient où la grâce de l'ami lui sera rendue et nous sera
                  rendue.

                  Marie Noël in Notes Intimes, 1920-1933, Éditions Stock, 2008, p.p.18/19

Nos amis les plus fidèles restent à jamais nos livres, il suffit parfois d'un poème pour que la vie soit plus légère et l'avenir moins gris.
 
 
 
 
         

vendredi 23 septembre 2016

Paul de Roux pour mieux éprouver le silence des choses




         Je gagnerai les zones d'ombre
         et je ne serai plus qu'un filet de voix
         – non pour rompre le silence des choses
         mais pour mieux l'éprouver
         à cette heure où la lumière parcimonieuse
         écorne le dos d'un livre, où le visage
         ovale du jeune duc de Saint-Simon
         se détache seul – perruque
         volatilisée – sur la carte postale
         posée sous la lampe que je n'aurais pas allumée,
             non,
         si l'attention m'avait subjugué, me faisant
         ombre sur ce carnet.

                                           *

         La nuit vient
         et ce n'est plus du tout la même chose
         de voir ces objets – encore, et noirs à contre-jour
         l'ombre, tombée comme une goutte d'encre sur le buvard
         les investit maintenant de dépendances indéfinies
         et nos frontières ne les offusquent plus
         eux qui vont de la pomme de pin au galet
         si facilement, mon Dieu, si docilement
         qu'il n'est pas vraiment nécessaire de s'en faire
             pour toutes ces barrières
         qui nous ont fait perdre une journée, encore une
         à recenser ce qui se dissout de soi-même avec l'ombre
         et chaque forme bouge et chevauche
         le temps, l'espace, et t'invite, oui
         à t'aplatir dans l'ombre
         à te prendre à cette collecte de couleurs, de formes
         qui s'ébranlent, comme une flotte
         lentement s'écarte du rivage
         et gagne les eaux libres de la mer.

                                                                                24/10/1976

         in Au jour le jour, Carnets 1974-1979, éditions Le Temps qu'il fait, 1986, p.62/63

La voix de Paul de Roux, intimiste entre toutes, s'est définitivement éteinte le 28 août dernier, comme nous l'apprend Poezibao, mais pour nous, poètes, elle a gagné "les eaux libres de la mer.
Demeure ce pincement au cœur et notre plus bel hommage est bien de le relire et de le faire partager.

Du retrait et de l'ombre, dans l'instant suspendu qu'est le poème, Paul de Roux parlait mieux que personne, comme s'il voulait nous familiariser avec la perte et son insondable mystère .

          (...)
         
          Je suis là, je vois ces choses
          et cette vue va passer, cet instant
          – au jour dernier, et pour toujours
          sera-t-il rendu ?
          ou est-il vain ?
          ou est-il feuille
          morte pour quel terreau
          quelle graine, quelle fleur inconnue ?
          et je suis sur ce pont
          sur cette lame de rasoir de la vue
          et je franchis le pont
          l'œil fixé sur l'écume
          à la crête de l'eau qui passe.

                                                                            28/10/ 1976

 À nous de goûter la profondeur d'une voix qui résonne bien au delà de la mort.


bibliographie:
  • Au jour le jour, Carnets 1974-1979, Le Temps qu'il fait, 1986
sur internet:

         

vendredi 16 septembre 2016

Quand Michel Butor rencontre Paul Delvaux

 
 

Paul Delvaux. Les squelettes. 1944 

J'aime imaginer ainsi ces deux géants disparus, l'un doué pour l'écriture, l'autre pour la peinture, échangeant amicalement dans l'au-delà.

Michel Butor, décédé cet été à presque 90 ans, était né en 1926 dans le Nord, à Mons en Barœul . Il avait enseigné le français dans plusieurs pays étrangers, dont l'Égypte. Poète, écrivain, romancier, il avait tout de " l'homme-orchestre".

Je le vis sur scène en janvier 2013, à la Maison de la Poésie, à Paris, où se tint une Rencontre de 3 géants, Michel Butor, Charles Juliet et Frank Venaille, sous la direction de Jean-Pierre Siméon et Jean-Baptiste Para. Ce fut un moment exceptionnel pour chacun de ces auteurs et leurs auditeurs.
À la truculence, Michel Butor ajoutait une voix de stentor, une diction parfaite et une forte présence en scène. Parlant de sa venue à la poésie, il disait ceci :
        
Je vis à l'Écart, du nom de ma maison, et je pense à l'écart. Je suis à l'écart de la poésie contemporaine. Je suis quelqu'un d'un peu spécial comme tous les poètes.
J'écoute la réalité à travers la musique. En hésitant entre les deux, je suis tombé dans la poésie. J'ai commencé à être reconnu comme poète à 60 ans!

Dans le domaine de l'écriture, il passait du roman à la poésie et rédigeait aussi des rubriques pour des livres d'art. Interrogé sur les ressorts de cette prodigalité, il disait s'en étonner lui-même!

En janvier dernier, il était encore sur la scène de la Maison de La Poésie, accompagné par une violoncelliste.

Paul Delvaux nait, en 1897, dans la province de Liège en Belgique. Il s'oriente très tôt vers des études d'architecture puis vers la peinture monumentale. Les architectures tiendront une place importante dans ses tableaux. Il se passionnera également pour la peinture de Giorgio de Chirico.
En 1938, il participe à l'Exposition internationale du Surréalisme, organisée par André Breton et Paul Éluard à la Galerie des Beaux-Arts de Paris et également à celle organisée par Breton et Wolfgang Paalen à Mexico, en 1940.
Entre 1940 et 1945, il fréquente régulièrement le Muséum d'Histoire naturelle à Bruxelles, où il dessine les squelettes, que l'on retrouvera dans ses œuvres.
Devenu professeur de peinture à l'École nationale supérieure d'Art et d'architecture de La Cambre à Bruxelles, en 1950,  il y enseignera jusqu'en 1962.

Anecdote amusante, dans les années 54 et 56, ses scènes de la Passion du Christ avec des squelettes sont sélectionnées pour la Biennale de Venise mais elles se font condamner pour hérésie par le futur pape, Jean XXIII.

Une rétrospective de son œuvre aura lieu de son vivant, en 1966, au Musée des Beaux-Arts de Lille,  et au Musée d'Ixelles à Bruxelles, en 1967. La Fondation Paul Delvaux, qui deviendra le Musée Paul Delvaux par la suite, voit le jour de son vivant, à Furnes, sur la côte belge. Il meurt le 20 juillet 1994, à Furnes.

Une exposition, Paul Delvaux, l'écho du rêve, se tient actuellement au Centre Wallonie-Bruxelles, à Paris, visible jusqu'au 19 septembre prochain.
Il y figure une imposante Crucifixion, de 1954, de 200 x 270 cm.  Tous les personnages représentés, y compris le Christ et les gardes en armes, sont des squelettes, à l'exception de trois profils bleus.
Or il se trouve que Michel Butor a écrit plusieurs fictions à partir de tableaux du peintre, dont une
Descente de Croix, de 1949

          J'ai perdu les muscles que j'avais acquis auprès des dames romaines. Nous rivalisons de          
          transparence désolée, manquée, nous-mêmes transformés en grilles de prisons. Un vent
          glaçant siffle dans ma cage thoracique sans déranger les plis de la tenture bleue que m'a
          prêtée quelque comtesse, sauvée dans le pillage du grenier ancestral, dans laquelle je
          drape une de mes épaules selon une mode transmise à travers siècles et distances par les
          guildes des sœurs-hétaïres, béguines de la bonté vive, et qui ne me protège en rien.

          (extrait) in Delvaux, catalogue de l'œuvre peint, Cosmos Monographies 1975, p.44



Une autre fiction de Michel Butor accompagne Le train de nuit, de 1947:





                                                              Le train de nuit 1947

         Tandis que des muscles s'accrochent l'un après l'autre à mes articulations, les murs d'une salle
         d'attente de première classe se matérialisent autour de Vénus endormie. Son lit devient une      
         banquette noire vernie à menus ornements de bronze, tendue de cuir amarante. Le dallage se
         recouvre d'un plancher. Le tapis devenu couleur de cendre grise s'est écarté de son
         pied. Intervalle de luxe flamand. Devant le portique, c'est maintenant le comptoir, avec
         ses étagères chargées de verres et de carafes; pas une goutte de vin, semble-t-il, mais à
         l'intérieur de mes cavités nasales en formation je repère l'odeur du genièvre.
         Une plante verte sur un piédestal chantourné, une plante de Sicile. Roberte la cicérone,
         les seins serrés dans son corsage citron à bordure de dentelle, profondément échancré,
         joue ici le rôle de la caissière. Ses cheveux sont devenus d'un noir d'encre, relevés
         en haut chignon, avec une petite frange aguichante. L'horloge marque deux heures. Dans la
         porte vitrée grande ouverte une tenture théâtrale, velours à glands, donne sur les voies. Fumées,
         beffroi, lanternes rouges du wagon. Les isolateurs des fils téléphoniques au travers desquels
         j'entends bourdonner :
         " Vois cette île composée de volcans, et remarque qu'ils portent tous le nom de Yokul. Ce mot
         veut  dire glacier en islandais, et sous la latitude élevée de l'Islande, la plupart des éruptions se
         font jour à travers les couches de glace."

          Du plafond pend un énorme lustre en cuivre avec sept globes de verre dépoli qui se
          réfléchissent dans un miroir où l'on revoit la courtisane blonde, mincie, une épaule drapée dans
          étole de dentelle de Malines, Gilberte comtesse des aiguillages, un des deux poêles de fonte
          qui ronfle, une plante d'Ionie verte dans sa jardinière blanche sur son piédestal victorien, et une
          autre porte-fenêtre à tentures, fermée cette fois, derrière laquelle on aperçoit un autres lustre. Je
          traverse. Je grimpe sur les tampons dans le froid préraphaélite, m'agrippe aux barres de métal.
          Le train s'ébranle.

          ibid p.p. 42/43

L'exposition du Centre Wallonie- Bruxelles à Paris, offre pour sa part un large échantillon d'encres de Chine et lavis sur papier, de lithographies et de dessins au crayon et fusain, peu connus en France qui débordent de mystère et de poésie ainsi que des huiles des années 30.
En voici ci-dessous un bref aperçu :



         

     
     


     
    La tentation de Saint Antoine 1933
    encre de Chine et aquarelle


     
                                                                    Les belles errantes à Éphèse 1946
                                                                   encre de Chine sur papier gris
     
     
     
     
    La femme au miroir 1948
    encre de Chine et aquarelle sur papier



     
                                                                                   La table 1946
                                                                                   huile sur toile




            Étude pour "La fin du voyage" 1968
            Encre de Chine et aquarelle sur papier
     
    
    
     
    Le silence 1972
    lithographie
     
 
 
Le mot de la fin  revient à Michel Butor, il est à la mesure de sa gouaille. Tiré de son livre Michel Butor par Michel Butor, paru chez Seghers dans la collection Poètes d'aujourd'hui en février 2003, il prend place entre deux autres poèmes intitulés avec un humour noir la Romance de la décharge municipale et la Romance du Cimetière !
 
 
         ROMANCE DE L'HÔPITAL
 
 
         L'infirmière aux yeux d'héliotrope
         soulève prestement les draps
         nettoie la fesse d'un tampon
         brise l'ampoule d'un coup sec
         puis elle y remplit sa seringue
         et voilà c'est fait bon sourire
 
         Son dos oscille savamment
         dans l'encadrement de la porte
         qu'elle referme sans bruit
         le jeune médecin l'attend
         s'interrogeant sur un malade
         dont le cas lui semble bizarre
 
         Il veut consulter ses bouquins
         ou son patron mais on l'appelle
         à peine le temps d'un baiser
         en catimini bousculés
         par les chariots de ceux qu'on mène
         vers les salles d'opération
 
         Croisés par ceux qu'on en ramène
         dans l'odeur des désinfectants
         et ceux qui viennent des cuisines
         avec fumets appétissants
         pour les angoissés qui attendent
         des nouvelles de leurs parents.
 
         p.247
 
 
bibliographie:
  • Delvaux, Catalogue de l'œuvre peint, Cosmos Monographies, Bruxelles, 1975
  • Michel Butor par Michel Butor, Seghers, Poètes d'aujourd'hui, 2003
sur internet:
        


http://www.maisondelapoesieparis.com/events/michel-butor-accompagne-par-catherine-warnier-violoncelle/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Butor

vendredi 9 septembre 2016

Marina Tsvétaïéva c'est ainsi que la soif est sans fond



         C'EST AINSI QU'ON  ÉCOUTE


                                   1


         C'est ainsi qu'on écoute ( l'embouchure
         écoute la source).
         C'est ainsi qu'on sent la fleur :
         profondément – à en perdre le sens!

         C'est ainsi que dans l'air, qui est bleu,
         la soif est sans fond.
         C'est ainsi que les enfants dans le bleu des draps
         regardent dans la mémoire;

         C'est ainsi que ressent dans le sang
         l'adolescent – jusqu'alors un lotus.
         ... C'est ainsi qu'on aime l'amour :
         on tombe dans le précipice.


                                     2


          Mon ami! ne me reproche pas
          ce regard, affairé et blafard.
          C'est ainsi qu'on engorge une gorgée,
          profondément – à en perdre le sens !

          C'est ainsi qu'en s'accoutumant au tissu
          le tisserand tisse ses dernières trames.
          C'est ainsi que les enfants pleurant leurs pleurs
          chuchotent les chuchotements.

          C'est ainsi qu'on danse... (Dieu
          est grand – tournez donc!)
          C'est ainsi que les enfants criant les cris
          taisent leur silence.

          C'est ainsi que le sang touché par les crocs
          languit sans venins !
          c'est ainsi qu'on gémit d'aimer :
          on tombe dans – tomber.

                                                                3 mai 1923

          in Insomnie et autres poèmes, Après la Russie, Poésie/Gallimard 2011, p.p.137/138

Que nous dit du poète la biographie figurant à la fin de ce recueil ? Je cite :

Marina Tsétaïéva, naît en novembre 1892, à Moscou, fille d'une pianiste et d'un historien d'art, elle apprend le français dès l'âge de sept ans. Par la suite, alors qu'elle est interne dans une école française à Lausanne, sa première rédaction française porte cette appréciation: "trop d'imagination, trop peu de logique". Des débuts prometteurs!
Plus tard, durant ses études dans un collège de Fribourg, elle écrira des vers en allemand....

Elle perd sa mère de tuberculose, à l'âge de14 ans. Deux ans plus tard, elle est à Paris pour voir Sarah Bernard dans L'Aiglon, puis suit des cours de littérature française ancienne à la Sorbonne. Son premier recueil, Album du  soir, paraît un an plus tard, en Russie.
En janvier 1912, elle épouse sur un coup de tête Sergueï Efron, publie un second recueil de poèmes et met au monde sa première fille, en septembre de la même année. La guerre par la suite va la séparer durant presque huit ans de son époux.

Sa vie passionnée, entièrement irriguée par la poésie, qui lui est comme dictée, sera faite de quelques voyages et d'échanges avec Rilke, Pasternak, Maïakovski et Anna Teskova, sa confidente. Elle s'achèvera dans le drame et le plus grand dénuement.

En 1925, la famille Efron s'installe à Paris, dans le XIXème arrondissement, puis à Meudon en 1928. Son recueil, Après la Russie, d'où sont extraits le poème ci-dessus et les deux suivants, sort à Paris, la même année. Mais cette fois, il s'agit d'un exil et leur situation ne va qu'empirer avec le temps; ils déménageront par la suite à Clamart puis à Vanves.

En mars 1937, sa fille Alia rejoint l'URSS. En octobre, son mari qui travaille pour les services secrets soviétiques regagne clandestinement Moscou. Restée seule à Paris avec son fils, Mour, elle vit dans une chambre d'hôtel, au 32 boulevard Pasteur.
Elle s'embarque au Havre, le 12 juin 1939, pour rejoindre la Russie avec son fils.

La famille réunie passe l'été à Bolchëvo, où le NKVD loge les agents revenus de l'étranger.
Sa fille Alia est arrêtée le 27 août de la même année et passera 16 ans au bagne et en exil avant d'être réhabilitée en 1955, après la mort de Staline.
Jusqu'à sa mort, elle fera tout pour faire connaître l'œuvre de sa mère.

Le 10 octobre 39, le mari de Marina Tsvétaïéva est arrêté, il sera exécuté en octobre 1941.
Évacuée avec son fils à Elabouga, en Tatarie,  elle se pend le 31 août 1941 à 49 ans. Son fils Mour, engagé volontaire, en octobre de la même année, mourra au front en juillet 1944.


         SE FAUFILER

         Mais la plus belle victoire
         sur le temps et la pesanteur –
         c'est peut-être de passer
         sans laisser de trace,
         de passer sans laisser d'ombre

         Sur les murs...
                                Peut-être, subir
         un refus? Être rayée des miroirs?
         Ainsi : Lermontov dans le Caucase
         s'est faufilé sans alarmer les rochers.

         Mais, peut-être, le meilleur amusement
         du Doigt de Sébastien Bach
         est-il de ne pas toucher de l'orgue l'écho?
         Se disloquer, sans laisser de cendres

         dans l'urne...
                             Peut-être – subir
         une tromperie? S'exclure des vastitudes?
         Ainsi : se faufiler à travers
         le temps, comme l'océan, sans alarmer les eaux...

                                                                    14 mai 1923

         ibid p.p.141/142


         Le poète


                                 1

          Il commence de loin son discours, le poète
          Il l'emmène loin, son discours, le poète.

                      Planètes, marques, chemins détournés,
                      Ravins de paraboles... Entre oui et non.
                      Et même jeté du haut d'un clocher,
                      Il fera un détour... Car sa voie de poète

          Est celle des comètes. Rompus les liens
          D'effets, de causes – telles sont ses mailles.
          Le front dressé – aucun espoir ! Les éclipses
          Des poètes ne sont pas dans les calendriers.

                       Il est celui qui brouille les cartes,
                       Mélange les poids, mêle les chiffres,
                       Il interroge le maître, lui – le disciple,
                       Et il bat Kant à plates coutures,

           Dans le cercueil de la Bastille
           Il s'épanouit : toute la splendeur
           D'un arbre en fleurs... Il est celui
           Dont on a tous perdu la trace,
           Le train toujours manqué
                                                    – Car sa voie de poète –

           Est celle des comètes : pour chauffer
           Il consume, pour pousser – il déchire !
           Explosion, effraction – la route
           Une courbe échevelée...
                                               mais pas dans les calendriers !

                                                                         8 avril 1923


                                 2
 
            Il y a au monde des hommes en trop,
            Des superflus, pas dans la norme.
            (Sortis des dictionnaires et répertoires,
            Ils ont une fosse pour demeure.)

                        Il y a au monde des gens creux, muets,
                        On les rejette comme du fumier
                        Ils sont un clou dans la chaussure,
                        Ils éclaboussent vos pans de soie !

             Il y a au monde des menteurs :
             (Ou invisibles, marqués de lèpre)
             Ils sont, au monde, semblables à Job
             Envieux de son destin s'ils pouvaient...

                         Nous les poètes, nous rimons
                         Avec paria, mais sortis de nos berges
                         Nous disputons leurs dieux aux déesses
                         Et aux dieux des vierges-princesses !

                                                                    22 avril 1923

                                  3

              Que peuvent faire le bâtard et l'aveugle
              Dans un monde où chacun
              A son père et des yeux ? Où passions
              Et jurons traînent sur tous les remblais,
              Où les larmes s'appellent rhumes de cerveau ?

                          Qu'ai-je à faire moi, chanteuse de métier,
                          Sur un fil, glace, soleil, Sibérie !
                          Obsessions, danses et chants sur les ponts
                          Moi légère, dans ce monde
                                                           de poids et de comptes?

               Qu'ai-je à faire moi – chanteur et premier-né,
               Dans ce monde où l'on met les rêves en conserves,
               Où le noir est gris... Un monde de mesure
                        Avec mon être – tout de démesure !

                                                                    22 avril 1923

                ibid p.p.133/134/35/36

Ce plaidoyer pour la haute identité du poète en dit long sur son désespoir. Comme Mandelstam et Akhmatova,  elle est incomprise de ses contemporains, adeptes d'un " monde où l'on met les rêves en conserves". Elle reviendra sur le sujet, en 1934, avec cet autre  poème :

               Pas de souci pour le poète,    
               Le siècle
               Va-t'en, bruit ! Ouste, va au diable, – tonnerre !
               De ce siècle, moi, je n'ai cure,
               Ni d'un temps qui n'est pas le mien.

                        Sans souci pour les ancêtres,
                        Le siècle !
                        Ouste, allez, descendants – des troupeaux.
                        Siècle honni, mon malheur, mon poison
                        Siècle – diable, siècle ennemi, mon enfer.

                                                                      1934

               ibid Poèmes des années 1930-1940, p.200

Dés lors son avenir est scellé. Parmi les onze poèmes écrits à son retour en URSS, celui-ci sonne comme un point final :

                Il est temps
                D'ôter l'ambre
                De changer les mots
                Et d'éteindre la lampe,
                Au-dessus de ma porte

                                                                    Février 1941

On ne peut s'empêcher de penser à l'ambre du collier de Paula Modersohn- Becker, sa benjamine et comme elle amie de Rilke, qui connut un destin tragique.

"Chaque chose que je fais, je le fais avec passion" disait Marina Tsvetaieva, imprégnons-nous de cette voix. "Les raisons de se passionner n'ont aucune raison de disparaître" affirme Zéno Bianu dans sa préface à ce recueil.

Remontons pour conclure à la source de  son inspiration qu'est la nuit : "à l'heure où le sommeil est juste, quasiment sacré, certains ne dorment pas. Ils scrutent..."

                  LA NUIT

                 Heure des sources dénudées,
                 heure où l'on regarde les âmes – comme dans les yeux.
                 Ce sont les écluses béantes du sang !
                 Ce sont les écluses béantes de la nuit !
        
                 Le sang a jailli, à l'instar de la nuit,
                 le sang a jailli, à l'instar du sang,
                 la nuit a jailli ! (Heure des sources auditives :
                 quand le monde entre dans nos oreilles, comme dans les yeux !)

                 Rideau tiré sur le visible !
                 Accalmie perceptible du temps !
                 Heure où, disloquant l'oreille, comme la paupière,
                 nous ne pesons plus, ne respirons plus : nous entendons.

                 Le monde s'est retourné, tel le pavillon
                 entier de l'oreille : absorbant les sons
                 avec le pavillon – avec l'âme entière !...
                 (Heure où l'on se blottit dans les âmes, comme dans les bras !)

                                                                             12 mai 1923
                ibid Après la Russie, p.p. 139/140


Bibliographie:
  • Insomnie et autres poèmes, Édition de Zéno Bianu, Poésie/ Gallimard 2011
sur internet :
.



 




vendredi 2 septembre 2016

Stéphane Bataillon Ne garder que les mots



         Traverser son désert
          y rencontrer ses peuples
          ses tribus et ses fauves


          Se joindre au mouvement
          pour que rien ne s'y fige
          en le cartographiant


          Maintenir le serment
          de ne rien attaquer

          Et déplacer les dunes
          par la seule ambition
          de se relier ensemble.

          in Où nos ombres s'épousent, Vivre l'absence, éditions Bruno Doucey 2016, p.25

Se re-lier ensemble, patiemment, comme celui qui assure une présence au-delà de la perte.
Reprendre d'un regard la marche de l'entre-soi, en s'économisant quand la lune décline, ne garder que les mots et puis les écouter.

Ce dernier recueil de Stéphane Bataillon, Où nos ombres s'épousent, Vivre l'absence, paru en juillet dernier aux Éditions Bruno Doucey, reprend et prolonge le premier, publié en 2010 par ce même éditeur.

Cette seconde édition enrichie marque le temps venu de vivre l'absence, de restaurer le sable sans rien figer, au jour le jour, en accueillant timidement les prémices d'une vie renaissante.
Le livre s'écrit à l'infinitif  – comme ce qui ne peut finir – afin de :
         
          Laisser monter le chant
          pour rester au plus proche
          de notre découverte

          Espérer qu'un matin
          on saura le reprendre.

          ibid p.38

         Annuler la distance
         qui séparait des monstres
         pour mieux les accueillir

         Alors
         l'ombre retrouve sa place
         dans l'enclos du poème

         Alors
         la trêve est possible.

         ibid p.35



Il n'est question ni de tourner la page, ni de changer de route mais de poursuivre et faire sonner le chant de l'inconditionnel, où nos ombres s'épousent et s'imposent comme autant de gages d'amour.
Cette démarche sera reprise dans Terres rares, son second recueil édité également par Bruno Doucey, en 2013.

          Assurer chaque pas
          en criant sa victoire

          Et garder ses silences
          pour les âmes conjointes

          Pour qu'elles puissent rester libres
          de nous accompagner.

          ibid p.74

Dans cette édition de 2016, Stéphane Bataillon choisit délibérément de témoigner de son expérience du deuil, sous le titre de Poursuites. On ne poursuit que ce qui nous est vital et très cher.

          2
          L'expérience du deuil est signe d'une communion. Aucun
          besoin de noms, de circonstances, de narration. Il y a,
          puis il n'y a plus celle ou celui. Nous restons seuls. Mais
          une présence fragile, qui pourrait rendre fou à hauteur
          de l'amour porté, nous accompagne. Nous devons l'appri-
          voiser, d'une lutte. Une lutte qui se joue derrière chaque
          parole et que seul le poème, parole des paroles, peut
          essayer de dire.

          ibid Poursuites, p.99

          3
          Cette parole travaillée pour cercler le silence, le conte-
          nir et l'accepter, a été pour moi la possibilité d'un après.
          Je n'imaginais pas que ces poèmes puissent participer, et
          de si nombreuses fois, au travail des autres. En séance de
          dédicaces, c'est un simple "moi aussi, j'ai perdu" qui fait
          nous reconnaître.
          (...)
          ibid p.99

          6
          Crier. Il faut réussir à crier. Un bon coup. Face au mur de sa
          chambre. Face aux arbres. Face à la mer. À défaut, l'énergie
          conservée se retourne contre soi et nous dévaste. Comme
          une combustion lente. Comme le monoxyde de carbone,
          invisible, indolore. Ce cri ne peut se libérer qu'en retrait.
          Du monde, des autres. Qu'en rupture de soi, pour mieux
          accompagner la voix au cœur des vagues.

          ibid p.p.100/101

          10
          Être heureux, c'est faire, nous dit le livre de l'Ecclésiaste
          dans l'Ancien Testament. C'est le sens même du verbe grec
          " poiein", d'où dérive le nom poésie: créer, faire. Pas faire
          l'amour, faire un dessin ou son travail, faire un gâteau ou un
          sourire. Mais faire. Tout. Tout ça. Se mettre dans le mou-
          vement des jours, accepter ce qui vient sans en attendre
          plus. Sans l'héritage du temps. sans espérer demain.

          ibid p.102

          12
          Il y a de l'amour, beaucoup, dans Où les ombres s'épousent.
          L'amour d'elle. L'amour de celles et de ceux qui m'ont
          accompagné durant ce long travail de redécouverte de soi,
          jusqu'aux petits matins. Et puis il y a cette source, cette
          source de larmes chaudes qui ne s'arrête jamais malgré les
          embellies. Provoque des chocs thermiques qu'on peut ne
          pas comprendre. Où sont les actes? Où sont les paroles?
          Y-a-t-il un décalage? Et le poème naît. D'un geste un peu
          magique, juste au pied de l'arbre.

          ibid p.103

         15
         Le poème nous précède. Éclaire le chemin. sentier insoup-
         çonné entre nos solitudes. L'ombre est aussi un lieu où
         faire des rencontres. Où parler à voix basse sans peur des
         tremblements. Où s'échanger l'instant qu'on ne souhaite
         à personne. Parce que nous savons, d'un mot, que nous
         sommes ensemble. Et que tout peut reprendre.

         ibid p.104

         Juin 2016

          
 Parce que "l'amour est courage, il est aussi lucidité", "ce livre est avant tout œuvre d'espérance" écrit fort justement Jean-Marie Berthier dans sa postface, un sentiment que je partage pleinement.

 Je souhaite à Stéphane Bataillon d'éprouver de plus en plus souvent, dans sa nouvelle vie familiale, l'apaisement possible qu'il mérite, en s'appuyant sur la force du temps, et la saveur de l'instant.

         Comme une vibration.

         C'est ça.

         Quelque chose
         comme une vibration

         Qui relierait les mondes

         Dont nous serions la source

         Mais submergés.

         in Où nos ombres s'épousent, p.75

Bibliographie:
  • Où  nos ombres s'épousent, Vivre l'absence, éditions Bruno Doucey, 2016
  • Les terres rares, éditions Bruno Doucey, 2013
sur internet: