On dit jour pour dire non
pour dire oui, c'est pareil.
On dit jour comme on dit feu,
comme on dit pierre. On dit jour
pour dire non à la mort.
in Voir venir Laisser dire, éditeur La rumeur libre, 2018, p.24
Crier n'est pas le mot. Geindre plutôt.
Les choses geignent en silence.
C'est ça : cette plainte incessante, ces appels sans mots.
Ceux de la chaise et de la table, du noisetier et du visage.
Ils disent (ils semblent dire) : aide-moi,
sors-moi de là. Mais que faire? Tu laisses dire.
ibid p118
La tasse brille, les ombres tremblent.
Laisse dire. Ce qui se dit sans toi.
Dire un dieu serait trop dire. Mais
Quelque chose, oui. Ou quelqu'un. Sans visage,
Une présence peut-être. Avec des lèvres et
leur très peu de mots. Laisse.
ibid p.120
La densité poétique de ces brefs poèmes vous atteindra, je l'espère, en ces jours de fête
et de confinement, autant de mots qui riment avec isolement pour toute une tranche d'âge.
Jacques Ancet, ce très grand poète français, en est l'auteur et nous rejoint ainsi au cœur de
nos peurs inavouées.
N'hésitons pas à le lire et le relire en ces jours exceptionnels, qui exigent le meilleur de
nous mêmes.
Bibliographie:
- Voir venir Laisser dire, Jacques Ancet, éditions La rumeur libre, 2018.
sur internet:
- un bel article de Jacques Décréau, à propos de l'auteur, intitulé Jacques Ancet, de l'infime à l'imperceptible.
- https://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2013/02/jacques-ancet-de-linfime-%C3%A0-limperceptible.html
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