Port des Barques

Port des Barques

vendredi 24 avril 2020

Gérard Bocholier, pour aller plus loin que l'aube claire

    

        Plus fort que le vent
        il y a ta voix
        plus fort que la source
        il y a tes yeux
        et le feu pour aimer
        plus large que le soir,

        et la mer pour aller
        plus loin que l'aube claire
        plus loin que les buissons des bouches empourprées
        au droit sentier du sang
        le pur jardin de braise
        plus large que nos vies
        l'orage du désir.

        in Un chardon de bleu pur, éditions L'herbe qui tremble, 2018,p.23

        On ne peut pas toujours cacher
        le feu habillé de feuilles.

        On ne peut pas toujours étouffer
        l'orage qui monte des gorges de la terre.

        Un regard suffit
        pour trouer la solitude
        cette litière de cendres
        où l'on roulait sans fin.

        Un regard suffit
        cueilli dans ta lumière
        un chardon de bleu pur
        tout affamé de braises.

        ibid p.16

Ces deux brefs poèmes, sitôt lus, nous saisissent par leur ardeur, nous revient ce goût de vivre, de ressentir et d'aimer!
Dans un soulèvement de nuées, voici la chair des fleurs multipliée, entre les fleuves, et sous les ailes, les vents et les feux épousés !!!

         Il arrive quelque fois que nous perdions la terre
         au bout des pieds
         comme un pétale de vent
         une colline effondrée
         sous un pur buisson d'ailes
         une clairière de pluie au carrefour du cœur.

         L'abîme qui s'entrouvre
         a couleur de nuit tendre
         la chaleur palpite armée du feu secret.

         Si on pense à la mort
         au clair visage d'ange
         soudain marchent les ombres
         d'une invisible forêt.

         ibid p.30

Libertine légèreté, qui ranime, telle un volcan ardent, des sens que nous pensions à jamais endormis !

Suivent les Douze louanges d'un inépuisable amour nouant l'âme et la chair, menant chemin de roses jusqu'en l'obscur des ravins; elles sont autant d'invites à poursuivre, coûte que coûte, une vie généreusement nourrie de poésie.

                     IV

           Tu me demandes
                  Amour
         Un peu d'eau fraîche
           Au bord du puits

             Tu me rends
          Quelques gouttes
          Il pleut l'éternité

   in Un charbon de bleu pur, Douze louanges, p.88

Savourons pleinement la rencontre biblique, qu'évoque ce poème, tel un bref moment d'éternité, au bord d'un puits.

Bibliographie:
  • Un chardon de bleu pur, Gérard Bocholier, L'herbe qui tremble, 2018
sur internet:

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