Idée 1
La maison n'est plus qu'une idée
Au seuil un paillasson bleu sur lequel on peut lire Bienvenue en arabe et en anglais
Au milieu de nuages qui rient
Tu sonnes et la porte rit. La maison s'ouvre devant toi et rit. Les chambres, les assiettes, la table
et la poussière sur les rideaux rient. Le carrelage, comme l'or du soleil qui s'y colore, rit
Le mur abattu par le bombardement rit. Les décombres où les oiseaux ont construit leurs nids
rient
La paille et le nid rient. Le triste roseau du nay, éclaboussé par le ruisseau, et le ruisseau rient
Les voix restées à la maison de ceux qui sont partis, résonnent encore et rient
Et celui qui y demeure, demeure dans une photo qui rit, sur un mur qui rit.
in Prête- moi une fenêtre, Hala Mohammad, Éditions Bruno Doucey, 2018, p.67
À ma porte, un paillasson dit lui aussi Bienvenue, tandis que je m'apprête à ouvrir à mon visiteur.
Notre maison avait des fenêtres
Notre maison avait des fenêtres
Qui donnaient sur les cyprès et les peupliers
Qui empruntaient aux arbres leurs ombres
Et les arbres résonnaient de secrets
Lorsque les soldats voulurent détruire notre maison
Ils furent terrifiés
De ne pouvoir lui infliger le moindre dégât
…
Nos vêtements
Les papillons les portent
…
Et poésie
Ce silence autour de nos tailles.
ibid p.37
La nôtre avait également beaucoup de fenêtres, ouvertes sur le jardin alentour, quand je l'ai
quittée, de mon plein gré, pour un appartement plus modeste.
Depuis, il me suffit de me mettre à la fenêtre pour contempler les voyageurs, qui attendent
l'arrivée d'un train, sur le quai du RER et qui me tiennent compagnie à leur insu.
Les Syriens aiment s'assoir à la fenêtre 2
Les Syriens aiment s'asseoir à la fenêtre
Dans les jardins publics
En face des maisons dont les fenêtres ont vue sur le jardin
Les Syriens aiment les maisons aux fenêtres grandes ouvertes
Qui ont vue sur les balcons
Sur les maisons des voisins
Aux grandes fenêtres
Les Syriens aiment entrevoir les gens bouger derrière leurs fenêtres
Derrière les rideaux transparents
Ils aiment les maisons éclairées
Les Syriens se font de la fenêtre un métier
À force de l'attendre, ils se sont consumés
Sur les vieux portails en fer de leurs maisons que les tyrans ont ravagées
Sont encore gravés ces mots des visiteurs :
Nous sommes passés et nous ne vous avons pas trouvés. La fenêtre était ouverte.
ibid p.45
Un proverbe français dit : "Faisons contre mauvaise fortune bon cœur"! Le moment est venu de
nous en souvenir durant ces semaines de réclusion prolongées.
Bibliographie:
- Prête-moi une fenêtre, Hala Mohammad, éditions Bruno Doucey, 2018
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