IX
1
Pour écrire ce poème
je me suis assis devant un mur
nu comme un ascète
devant la mer vue d'en haut
ainsi j'imagine une montagne
froissée dans le silence
une femme nue
couchée sur l'horizon
2
Un arbre pousse sous le ciel déchiré
camaïeu de lumière noire
ardoise du vent
mes chiffres et calculs se sont effacés
dans la poussière du ciel
seule une balançoire nous sauve
du naufrage du requin
de la tempête
3
La croix du Sud palpite
entre tes genoux et mes genoux
ses ondes concentriques éloignent les sirènes
et la brise provinciale de notre souffle
soulève la constellation de trois Maries
je prendrai ma retraite
sous ton ciel étoilé
hors
des villes lourdes de terre cuite
et de toute la poussière inconsolable
ce qui me reste encore à écrire
sur le trottoir
sera ma maison dessinée à la craie
4
Là où tourne une armée de moulins
il y a toujours un chemin
qui conduit à la mer
là où le compas des grues
réunit les rides de nos pas perdus
un arbre pousse au milieu du quai
il est prêt à partir
il garde encore
la rumeur de la nuit dans son cœur
les yeux fermés
je voudrais entendre le bruit des vagues
le rivage d'un murmure
la voix qui brûle très loin
dans mon lit
et respire l'odeur de l'au-delà
5
Mon raccourci sera l'ombre
de l'arbre sans mesure
et la griffe de la parole masquée
qui s'envole dans les cordes du Sud.
Luis Mizon in Le soudeur de murmures, Éditions Folle Avoine, 2017,p.p.58/59/60/61
J'aime imaginer le Temps bleu, tel un soudeur de murmures, cherchant à relier les maillons d'une chaîne fragile au cou de tous les fervents de la poésie.
Je vous invite à retrouver Luis Mizon dans ces articles rédigés à son propos, grâce aux liens indiqués :
- http://lintula94.blogspot.com/2017/08/luis-mizon-la-memoire-des-metamorphoses.html
- http://www.leshommessansepaules.com/auteur-Luis_MIZON-699-1-1-0-1.html
- Luis Mizon Le soudeur de murmures, Éditions Folle Avoine, 2017
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