Il y a
perçant la fenêtre
un rayon de soleil
voire deux trois
une masse lumineuse
se pose sur le bureau
s'ancre et dessine
à la surface
un lotissement dont
on ne sait quel cadastre.
Il y a sans doute une parcelle à louer
une friche à retourner
une part d'ombre à trouver
si la main
joue à l'éclipse.
Mais c'est l'avant-bras qui
comme une écume
s'échoue en roulant
vers ce qui deviendra un appui
une rive un livre
Dans la chaude pièce du bureau
entre
une fragile épaisseur.
in Maison, Poésies domestiques, éditions la Boucherie littéraire 2016, p.19
À lire ces quelques poèmes domestiques par l'un des matins gris de janvier, le lecteur appréciera d'autant plus leur humour décapant.
Toujours j'oublie
qu'un inachevé nous traverse
et que voler à droite à gauche
comme un papillon de nuit égaré
au-dessus de ma tartine du matin
ne produit ni vent
ni ne fait avancer.
ibid p.29
Ado
le miroir matinal de la salle de bain
nous prédisait la réussite
alors que dans celui du soir
nous nous consolions de n'être
que nous nous-mêmes;
ibid p.14
Me dis que
l'ordre
– les chiffres bien rangés
l'alphabet tout ça –
a bien des limites
puisque certaines
personnes arrivent
tout de même à
se perdre dans les trains.
Comme quoi
tout a beau être
tracé
on dévie.
ibid p.16
Dévier, option salvatrice propre à tous ceux et celles qui ont eu longtemps maille à partir avec les cadres établis et les mathématiques. Ignorer les théorèmes, prôner l'insolence, quelle jouissance !
Bibliographie:
- Maison, Poésies domestiques, Emmanuel Campo, éditions La Boucherie littéraire, collection Sur le billot, 2015, 2016.
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