Certaines des œuvres de Camille Claudel, présentées au Musée Camille Claudel de Nogent sur Seine lors de l'exposition temporelle, qui s'achèvera le 13 janvier prochain, peuvent surprendre les visiteurs. Il en est ainsi de ces modèles réduits. Alors que ces statuettes ne sont que soigneusement "encagés" pour les protéger lors d'une première cuisson, avant la réalisation finale.
La passion, qui habitait Camille Claudel ne laissait en rien prévoir les délires de persécution, qui l'assaillirent par la suite et qui, faute de soins adéquats, lui valurent de se voir internée par ordre de sa mère dans "un asile pour fous" durant 30 années et ce "jusqu'à ce que mort s'en suive"...
Les quatre photos précédentes ont été prises au Musée Camille Claudel de Nogent sur Seine,
tandis que cette reproduction de La vague géante, exposée au Musée Rodin, nous montre les trois minuscules baigneuses de bronze imaginées par Camille, alors même que nous avons tous en tête les images apocalyptiques des derniers tsunamis.
Après les pires cataclysmes, la vie se montre encore la plus forte et c'est heureux.Je cite avec plaisir un texte de Gérard Bouté, commissaire de l'exposition présentée à l'hôtel de ville d'Aulnay-sous-Bois, en janvier 1996. Ce texte tiré du livre Camille Claudel, Le Miroir et la nuit, est paru aux Éditions de l'Amateur-Éditions des catalogues raisonnés, à l'occasion de l'émouvante et première exposition consacrée à l'artiste.
Il faut se recueillir. Il faut descendre en soi pour descendre en elle, désaccoupler la
représentation de la connaissance, entrer par effraction dans le monde d'avant la parole,
se mouvoir dans l'être concret de la forme.
L'œuvre de Camille, d'une figure à l'autre, pleine, ouverte aux profondeurs du désir, parle
cependant en deçà du langage. Elle parle de ces mots éloquents de la nuit, existants bruts,
souffles, murmures, gémissements, cris encore, râles parfois, hurlement traqué, empreinte
intangible d'une indicible souffrance.
(…)
De même que le poète parle entre les mots, détourne les mots de leur sens par subversion
de la langue commune, de même la sculpture de Camille, vibrante, dressée comme un
exutoire déroute le monde des apparences. Elle se pétrit du désir. Elle métamorphose le
désir en amour de la forme. Elle change le sens en énergie, elle fait surgir le sens du corps
de sa masse.
p.p.206/207
Comme vous, je ne sais rien de l'avenir, pas plus du mien que de celui de notre planète, mais en ce début d'année 2019, je fais confiance à la poésie, à l'art et aux artistes et vous dis : Bonne et fertile année !
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