le matin
parfois une île
flotte devant les yeux
et répand
un peu de sable dans le sommeil
le matin
la paupière est enflammée
et le soleil
se lève plus tard
in Tant de vent négligé, Eva-Maria Berg, éditions Villa-Cisneros, 2018, p.15
La vie reprend péniblement après un long confinement, des visages à demi- masqués envahissent de nouveau les transports; en dignes parisiens, chacun fait semblant d'ignorer poliment son voisin tout en veillant à bien garder les distances autorisées.
Personne ne sait ce que nous vaudra demain, mais chacun fait de son mieux, sans rien négliger. Les vieux, quant à eux sont suspects, surtout ceux qui ne se sentent pas vieux !
La quatrième de couverture de ce recueil, rédigée par Max Alhau, poète et ami de l'auteur, précise qu'Eva-Maria Berg, sait franchir les barrières, observer d'un regard pertinent et original le monde et les êtres qui le peuplent et métamorphoser la réalité. J'en suis persuadée.
Tant de vent négligé
tant de vent
négligé
les hommes
incapables
de voler
les maisons
ancrées
jamais
à déplacer
l'énergie
trop polluée
pour se dissoudre
dans l'air
mais les yeux
il est facile
de les entraîner
n'importe où
À notre grande surprise, le confinement a pu nettoyer en 56 jours, et sans se faire prier, l'air pollué par nos voitures, nos avions et nos cheminées d'usines. Oiseaux et gibiers ont aussitôt reconquis nos rues et nos balcons, tandis que s'effondrait notre économie mondiale. Un chaos boursier menace depuis nos marchés, tandis que la planète tout entière respire à pleins poumons!
Il nous faut très vite réinventer demain…
" Encore un peu de paysage s'il vous plaît " clameront avec moi tous les poètes !
Bibliographie:
- Tant de vent négligé, Eva-Marie Berg, édition bilingue, traduit de l'allemand par l'auteur en collaboration avec Max Alhau, éditions Villa-Cisneros, 2018.
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