Dominos
Nous nous asseyons au café
Et nous jouons aux dominos
En sirotant des boissons chaudes
En attendant que quelqu'un vienne
Nous dire :
La guerre est finie
Les envahisseurs sont partis
Et les soldats sont retournés chez eux
Les réfugiés se sont acclimatés
Dans des pays lointains
Les femmes qui ont perdu leur mari
Se sont accoutumées à la solitude
Et pour les enfants dont les pères ne sont pas revenus de la guerre
J'ai supprimé les cérémonies de la fête des pères.
Quelqu'un viendra
Et nous donnera des nouvelles des pays proches et lointains
Du monde qui se soucie de nous
Il nous informera que certains partis politiques ont perdu
Et que d'autres sont arrivés au pouvoir
Qu'une personnalité importante est décédée
Qu'une explosion a tué beaucoup de monde
Et qu'un poète prie encore.
C'est ce qui est advenu à chaque guerre
Et coup d'État
Alors que nous étions assis au café
À jouer aux dominos
Et à siroter des boissons chaudes.
in Regrets, de Haider Alfihan, traduit de l'arabe (Irak) par Antoine Jockey, éditions Al Manar,
2019, p.p.19/21
Haider Alfihan était, en juillet 2019, l'invité du Festival de poésie de Sète, intitulé Voix Vives, de
méditerranée en Méditerranée. Né à Babylone en Irak en 1966. Architecte de son métier, il est également membre de l'Union littéraire irakienne.
Son évocation de la chaleur humaine, qui régnait dans les cafés du pourtour de la Méditerranée, ne peut que nous revenir en mémoire, alors que des violences policières font des ravages dans les rangs des manifestants d'Istanbul et que des frappes aériennes visent le nord de l'Irak.
Bibliographie:
- Regrets, Haider Alfihan, traduit de l'arabe (Irak) par Antoine Jockey, Voix Vives de Méditerranée en Méditerranée, Al Manar, 2019
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