Port des Barques

Port des Barques

vendredi 11 mai 2018

Philippe Mathy c'est toi que l'eau traverse

 

          12

            Lorsque tu penses au fleuve, viennent des mots
         simples comme l'eau.
            Reflets de soleils fugaces. Le ciel a laissé tomber
         ici un vitrail.
            Un peu d'éternité craquelle l'eau qui va, c'est
         assez pour ignorer l'effroi.

         in Veilleur d'instants, 3.Automne, L'herbe qui tremble, 2017, p.98

Philippe Mathy est un poète belge, né à Manono, au bord du fleuve Congo en 1956, dans un pays qui s'appelait encore le Congo belge et qu'il a dû quitter à l'âge de quatre ans. Il partage désormais sa vie entre deux régions traversées par un fleuve, soit la commune de Brunehaut, en Belgique, proche de L'Escaut et Pouilly-sur-Loire, en Bourgogne nivernaise.

           10

             De petits riens. Les bruissements les plus
          sobres. Vols de bourdons. Chants d'oiseaux.
          Feuilles qui frémissent dans le vent.
              Le murmure d'une voix s'élève pourtant. Une
          invisible voix. Elle délivre une parole qui respire,
          dont on a peine à comprendre le chuchotement
          doux. Pour peu que nous l'écoutions avec une
          totale attention, elle nous conduit jusqu'au chant.

          ibid p.96

Les souvenirs remontent en foule et l'émotion croît, tandis que l'eau poursuit son chemin...

           5

           Tu es assis
           au bord du ruisseau
           Tu ne bouges pas
           Tu regardes l'eau qui va

            C'est en toi
            que chantent les petites cascades

            C'est en toi
            que s'éclairent les pierres blanches
            sous les remous

            Tu es immobile
            Pourtant tout bouge en toi

            C'est toi que l'eau traverse
            Peut-être pour te laver
            du temps qui va

            in Veilleur d'instants, I Printemps, p.47

            10

             Ciel bleu d'avril
             sur le chemin
             le bleu profond des pulmonaires

             Tant de bleus dans le cœur
             qu'on ne sait plus
             s'ils sont venus
             du ciel
             des fleurs
             des coups reçus

             Où va la vie qui va
             si vite
             si belle
             si cruelle ?

             ibid p.52

  Soudain, au sortir du chemin / sous les arbres / une petite flambée de vent, la poésie est là  qui palpite .

              10

               Parfois un ange nous traverse,
               comme une absence,
               un rire dont nous n'aurions perçu
               que la transparence.

               Un affluent nous a rejoint
               au seul souci
               de se mêler à notre eau.

               Nous avançons plus forts,
               sans même savoir que,
               au plus profond de nous,
               un visage
               nous a fait don de disparaître.

               in Veilleur d'instants, Ailes dessinées d'ombres p.128

Laissons-nous habiter par cet élan poétique, ce fleuve qu'est la poésie ne nous laisse jamais démunis, à condition de lui faire pleinement confiance .
       

Bibliographie :
  • Veilleurs d'instants, éditions L'herbe qui tremble, 2017
sur internet :




                 
            

            


           




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire