Port des Barques

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vendredi 9 avril 2021

Pierre Chapuis, le plaisir de glisser "d'un pas suspendu"

        Aval 

       

       Vert, à pas de velours.

       Verdure à l'intérieur de la verdure, qui coule au fond du jour 
       (vertige!), entraîne avec soi (avril comme un glissement de terrain) 
       pente et contre-pente vers l'azur à retrouver plus bas où flottent 
       dans les cerisiers (au fond se soi leur déploiement) bannières et banderoles. 

       in D'un pas suspendu, Pierre Chappuis, paru chez José Corti, 1994, p.16 

Printemps bienvenu, régénère nos corps et nos cœurs, imprègne-nous de ta ferveur! 
Ce poète suisse, décédé le 2/ 12/ 2020, allait dans la vie d'un pas suspendu... Je n'ai de lui qu'un nom tracé sur la couverture d'un recueil, mais j'aime l'imaginer, refugié désormais aux portes du paradis, en compagnie de Philippe Jaccottet et avançant à ses côtés d'un pas furtif, qui ne dérange rien, ne laisse pas de traces, avec "sur les lèvres, qu'un nouveau chant, à naître". 

Soleil levant 

Débarrassé des brumes accumulées au pied de la colline, ne 
plus toucher terre, uni au vent.
     À peine effleure-t-on la cime des arbres.

Étincellement : d'un coup de sabre, le chemin tranche dans 
le vif de la forêt.
    Avec le soleil, dans la foulée. 

ibid p.21

Je garde un souvenir très vif des longues marches en famille, à l'automne, en forêt de Fontainebleau. Sous les hêtres dorés et les chênes roux, parmi les crosses des fougères 
et les mauves bruyères, nos narines s'imprégnaient des senteurs d'humus et de champignons.

À l'image du poète, je me nourris de ces précieux souvenirs :
 
         D'un pas d'ombre 

         D'un pas qui ne comble aucun vide, un pas d'ombre qui ne 
         dérange rien, ne défait pas la blancheur de la nuit, ne donne pas 
         quittance du chemin parcouru.

         Marcher, non : glisser muettement.

         Tout à élargir son champ de connaissance (par pans, un "redéchiffrement" 
         presque à la dérobée), le regard ne heurte plus de confins. 
         Perdues sont les montagnes au loin dans la pâleur. 

         ibid p.14


Bibliographie:

Pierre Chappuis, D'un pas suspendu, José Corti, 1994

sur internet:

Il vous suffira d'aller sur internet avec le nom du poète sur le site de  poezibao pour trouver plusieurs notes à propos de Pierre Chapuis.

 

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