Port des Barques
vendredi 21 août 2020
Quand Christian Bobin, nous invite à changer de paysage sans bouger
Imaginez un invité qui, sans prévenir, avant que vous ayiez eu le temps de choisir pour
lui, s'installe sur votre chaise préférée. Tout le monde a chez soi une chaise préférée.
Sur le coup vous ressentez un léger désagrément. Et puis très vite la fraîcheur vient.
Presque rien n'a changé et ce presque rien change tout. Vous prenez une autre chaise que
celle habituelle, vous avez devant vous un autre paysage, vous êtes bien toujours chez
vous, oui, mais vous y êtes de la plus belle façon: de passage. Nous nous accoutumons
trop vite à ce que nous avons. Dieu merci, le printemps vient parfois remettre du
désordre dans tout ça, nous découvrons que nous n'avons jamais rien eu à nous et cette
découverte est la chose la plus joyeuse que je connaisse.
Christian Bobin, in L'équilibriste, Le Temps qu'il fait,1998,p.p.31/32
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire