Port des Barques

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vendredi 14 décembre 2018

Nuno Judice pourquoi la poésie en temps de crise



                Le poème dans le monde
        
             Je me souviens d'une maison, et dans cette maison, d'un couloir. À un bout de ce long  
       couloir,  on descendait quelques marches pour trouver une armoire avec des livres;
       à l'autre bout, un meuble avec des chapeaux, des cannes, un miroir. C'est un des souvenirs
       que je garde de  l'enfance, ce parcours entre les livres et le miroir  – ces deux bouts d'un
       chemin que j'ai pris, dans un sens ou l'autre, pour trouver toujours la tentation  de passer
       au-delà du monde réel, celui qui était à l'extérieur du couloir, dans la maison, ou dans la rue.
       Pour continuer de faire ce chemin, je suis arrivé au poème. Je ne sais pas s'il est du coté du
       miroir ou du coté des marches; mais il a été le couloir qui m'a fait passer d'un monde à l'autre,
       qui m'a fait monter vers l'au-delà du miroir, ou descendre jusqu'à ces livres où j'ai rencontré
       les maîtres de mon écriture.
     
       (extrait)

        Nuno Judice in L'inquiétude de l'esprit ou pourquoi la poésie en temps de crise?
        Éditions Nouvelles Cécile Defaut, 2014, p.83

        Relisant ce livre, par ces jours troublés, je suis tombée sur cette page du poète portugais, qui
        s'interroge sur la place réelle du poème dans le monde actuel. Face à un monde qui bascule
        dans une  violence aveugle, la parole du poète redouble de force et d'actualité mais en quoi
         " contribue-t-elle de manière décisive à la vie de l'esprit – voire à la vie tout court"?

                Le poème est un espace de traversée. On n'y reste pas, on n'y repose jamais. C'est pour ça
                qu'il est lié à la condition humaine et à sa destinée d'errance et d'inquiétude, au-delà des
                miroirs et des livres.
                ibid p.87

Bibliographie:
  • L'inquiétude de l'esprit ou pourquoi la poésie en temps de crise? Éditions Nouvelles Cécile Defaut, 2014.

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