Port des Barques
vendredi 21 octobre 2016
Jean Grosjean en attendant le soir
L'horizon
Assis dans les soubassements du monde
j'ai vu rôder le ciel à l'horizon,
et paraître son jour au coin des nuits.
Non les éclairs mais la clarté de l'âme.
in Arpèges et Paraboles, Gallimard, 2007, p.13
Rentrant d'un lieu où régnait un semblable climat, j'ai plaisir à vous partager les derniers poèmes de Jean Grosjean, rédigés au terme d'une vie consacrée à l'écriture. Tendresse et paix s'y prennent par la main, entre deux Arpèges....
Ces méditations, parues de façon posthume, nous rejoignent au cœur de nos vies par leur pouvoir d'évocation.
La douceur
Le ciel ce soir blesse un passant distrait,
mais la douceur du ciel sur les demeures.
Les arbres sont en paix, le temps s'écoule.
Un oiseau vole à son lit pour la nuit,
mais la douceur du ciel sur nos errances.
ibid p.9
Jour gris
Comme un oiseau sur le rebord d'un toit
je vois au loin le ciel s'ennuager.
Où sont les jours d'azur, les nuits astrales?
Je parle au vent qui passe.
C'est un jour gris, le ciel s'est donc voilé.
Ne me dis pas qu'il n'y a plus de plages
où les jours gris s'asseoient pour respirer
le vent qui passe.
ibid p.17
Automnal
En cet éternel automne
dont ne mourrait pas les fleurs
nos travaux n'avaient pas d'heure
ni nos siestes de limites.
Les lueurs du soleil traînaient
longtemps le soir sur les seuils
en attendant que les feuilles
veuillent descendre des arbres.
Nous dinions au clair de lune
en échangeant nos sourires
quand nous frôlaient des zéphyrs
de leur souffle impondérable.
Quand les brumes du matin
venaient humecter nos cils
nous allions d'un pas tranquille
visiter la paix des tombes.
Nous aimer sans nous le dire
ne pouvait que plaire au ciel
en cet automne éternel
dont les fleurs ne mouraient pas.
in Arpèges et Paraboles, Romances, Gallimard 2007, p.p.24/25
Une douce connivence le lie également à la femme aimée.
Les travaux
Bientôt la nuit. Je suis las des travaux.
Penché sur eux comme un saule sur l'eau
je les vois fuir et rider mon image.
Mais ne me prenez pas l'amour de toi.
Tant que tu vis je ne serai pas mort.
ibid, p.20
Christian Bobin écrit à son propos dans un article, dont vous trouvez plus bas le lien, et que je vous recommande:
"Il a la transparence, l'humour et la malice d'un sage japonais. (...) J'ai parfois l'impression, tant cette poésie est limpide, qu'il ne s'y passe rien. Mais pour ce rien, je donne toutes les bibliothèques."
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