Port des Barques

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jeudi 16 mars 2017

Tanella Boni, une voix de la Côte d'Ivoire

        

         TERRIENS SANS VISA DE SÉJOUR

         terriens sans visa de séjour
         t'es rien
         terriens sans visa de séjour
         t'es rien


         je m'en vais déclarant à chaque escale
         ce permis de non séjour
         inscrit sur les lignes de ma main
         je m'en vais emportant dans mon sac à dos
         le poids du monde
         car les ruelles de la traversée
         ont pris possession de mon corps
         je regarde demain avec le millier d'empreintes
         qui peignent le fond de mon âme
         le chemin est encore loin
         car l'horizon n'est pas à nos pieds
         mais j'aime le chant des jours à venir
         et je suis partie tôt ce matin


         je vais franchir le pas de la musique
         qui me hante nuit et jour
         de la musique qui m'ensorcelle
         je vais dérouler sous vos pieds
         la cadence de la joie
         la joie énergie des jours à venir
         je vais franchir la frontière
         qui me traverse de part en part
         je ne sais où elle voit le jour
         je ne sais par quel chemin
         elle emprunte les couleurs de la nuit


         terriens sans visa de séjour
         t'es rien
         terriens sans visa de séjour
         t'es rien


         terriens sans visa de séjour sommes-nous
         sur les routes du monde
         terriens sans visa de séjour sommes-nous
         voix et voies de la Terre
         terriens sans visa de séjour
         mains et visages inconnus
         terriens sans visa de séjour
         le Temps ignore notre présence
         terriens sans visa de séjour
         mais nous sommes le Temps clair
         terriens sans visa de séjour
         le Temps nuages air pur et pluies du ciel
         terriens sans visa de séjour
         nous arrosons le monde
         de rythmes inédits

        
         terriens sans visa de séjour
         terriens !

         in Tout l'espoir n'est pas de trop, Cent-un poèmes, Douze voix francophones,
         choisis et présentés par Bernard Ascal, Le Temps des cerises, 2002,
         p.p.203/204/205.

Ce poème poignant, rythmé comme un chant de bagnard, est celui d'une femme et poète de Côte d'Ivoire, Tanella Boni. Elle figure parmi les douze voix francophones, choisies par Bernard Ascal et éditées par Le Temps des Cerises, en 2002.

Le titre de ce recueil, Tout l'espoir n'est pas de trop se voudrait porteur de changement, au dos de ce livre, on lit ces mots : "Cette parole de poètes, si peu médiatisée, si peu contaminée par l'argent, constitue l'un des foyers de liberté, de résistance aux modèles imposés, aux idéologies de plus en plus tentaculaires."

Tanella Boni naît à Abidjan en 1954, après des études primaires et secondaires en Côte d'Ivoire,
elle fait des études de philosophie à la Sorbonne et obtient en 1987 son doctorat d'État en histoire de la philosophie.
De 1982 à 1984, elle est directrice du Département de philosophie de l'Université d'Abidjan puis, de 1992 à 1998, directrice de programme à l'étranger, au Collège international de philosophie de Paris et par la suite professeur titulaire à l'Université de Cocody, à Abidjan.
Engagée dans la vie associative et culturelle de son pays, elle figure en tant que poète,romancière mais aussi critique littéraire et critique d'art.
Son dernier recueil de poèmes, Là où il fait si clair en moi est paru aux éditions Bruno Doucey, en 2017
http://www.editions-brunodoucey.com/la-ou-il-fait-si-clair-en-moi/

         bibliographie:
  • Tout l'espoir n'est pas de trop, Cent-un poèmes, Douze voix francophones, choisis et présentés par Bernard Ascal, Le Temps des Cerises 2002, p.p.203/204/205
  • chez EPM existe Afrique(s), un double C.D de Bernard Ascal,  consacré à de nombreuses voix africaines, dont celle de Tanella Boni.
         sur internet:

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