TERRIENS SANS VISA DE SÉJOUR
terriens sans visa de séjour
t'es rien
terriens sans visa de séjour
t'es rien
je m'en vais déclarant à chaque escale
ce permis de non séjour
inscrit sur les lignes de ma main
je m'en vais emportant dans mon sac à dos
le poids du monde
car les ruelles de la traversée
ont pris possession de mon corps
je regarde demain avec le millier d'empreintes
qui peignent le fond de mon âme
le chemin est encore loin
car l'horizon n'est pas à nos pieds
mais j'aime le chant des jours à venir
et je suis partie tôt ce matin
je vais franchir le pas de la musique
qui me hante nuit et jour
de la musique qui m'ensorcelle
je vais dérouler sous vos pieds
la cadence de la joie
la joie énergie des jours à venir
je vais franchir la frontière
qui me traverse de part en part
je ne sais où elle voit le jour
je ne sais par quel chemin
elle emprunte les couleurs de la nuit
terriens sans visa de séjour
t'es rien
terriens sans visa de séjour
t'es rien
terriens sans visa de séjour sommes-nous
sur les routes du monde
terriens sans visa de séjour sommes-nous
voix et voies de la Terre
terriens sans visa de séjour
mains et visages inconnus
terriens sans visa de séjour
le Temps ignore notre présence
terriens sans visa de séjour
mais nous sommes le Temps clair
terriens sans visa de séjour
le Temps nuages air pur et pluies du ciel
terriens sans visa de séjour
nous arrosons le monde
de rythmes inédits
terriens sans visa de séjour
terriens !
in Tout l'espoir n'est pas de trop, Cent-un poèmes, Douze voix francophones,
choisis et présentés par Bernard Ascal, Le Temps des cerises, 2002,
p.p.203/204/205.
Ce poème poignant, rythmé comme un chant de bagnard, est celui d'une femme et poète de Côte d'Ivoire, Tanella Boni. Elle figure parmi les douze voix francophones, choisies par Bernard Ascal et éditées par Le Temps des Cerises, en 2002.
Le titre de ce recueil, Tout l'espoir n'est pas de trop se voudrait porteur de changement, au dos de ce livre, on lit ces mots : "Cette parole de poètes, si peu médiatisée, si peu contaminée par l'argent, constitue l'un des foyers de liberté, de résistance aux modèles imposés, aux idéologies de plus en plus tentaculaires."
Tanella Boni naît à Abidjan en 1954, après des études primaires et secondaires en Côte d'Ivoire,
elle fait des études de philosophie à la Sorbonne et obtient en 1987 son doctorat d'État en histoire de la philosophie.
De 1982 à 1984, elle est directrice du Département de philosophie de l'Université d'Abidjan puis, de 1992 à 1998, directrice de programme à l'étranger, au Collège international de philosophie de Paris et par la suite professeur titulaire à l'Université de Cocody, à Abidjan.
Engagée dans la vie associative et culturelle de son pays, elle figure en tant que poète,romancière mais aussi critique littéraire et critique d'art.
Son dernier recueil de poèmes, Là où il fait si clair en moi est paru aux éditions Bruno Doucey, en 2017
http://www.editions-brunodoucey.com/la-ou-il-fait-si-clair-en-moi/
bibliographie:
- Tout l'espoir n'est pas de trop, Cent-un poèmes, Douze voix francophones, choisis et présentés par Bernard Ascal, Le Temps des Cerises 2002, p.p.203/204/205
- chez EPM existe Afrique(s), un double C.D de Bernard Ascal, consacré à de nombreuses voix africaines, dont celle de Tanella Boni.
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