Port des Barques
samedi 11 mars 2017
Ingrid Jonker une voix d'Afrique du sud
L’enfant abattu par des soldats à Nyanga
L’enfant n’est pas mort
l’enfant lève les poings contre sa mère
qui crie Afrika ! crie l’odeur
de la liberté et du veld
dans les ghettos du cœur cerné
L’enfant lève les poings contre son père
dans la marche des générations
qui crie Afrika ! crie l’odeur
de la justice et du sang
dans les rues de sa fierté armée
L’enfant n’est pas mort ni à Langa ni à Nyanga
ni à Orlando ni à Sharpeville
ni au commissariat de Philippi
où il gît une balle dans la tête
L’enfant est l’ombre noire des soldats
en faction avec fusils blindés et matraques
l’enfant est de toutes les assemblées de toutes les lois
l’enfant regarde par les fenêtres des maisons et dans le cœur des mères
l’enfant qui voulait simplement jouer au soleil à Nyanga est partout
l’enfant devenu homme arpente toute l’Afrique
l’enfant devenu géant voyage dans le monde entier
Sans laissez-passer
in Collection « Poésie » dirigée par Georges-Emmanuel Morali.
Traduction de Philippe Safavi. Éditions Le Thé des écrivains, en coédition avec Zootrope Films,
2012.
Ce poème a été repris dans L'insurrection poétique, Manifeste pour vivre ici, éditions Bruno Doucey 2015, p.p.126/127
Ingrid Jonker est une poète afrikander, née en 1933. Elle écrit L’Enfant n’est pas mort à la suite de l'assassinat d'un enfant, en pleine rue. Sa voix fait scandale dans les milieux blancs de l'Afrique du Sud des années 60. Elle se suicidera en 1965.
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