La nuit de l'ange
L'harmonie se resserre comme un mur franchissable
La musique d'un ange se perd dans le jardin
Tu écoutais ce chant avec des yeux de boue
Les deux mains de personne secouaient ta chevelure
Et venaient des oiseaux émus de ton âge
Agités d'ailes blanches et de cris de nuit bleue
Tu marchais habitée d'un grand secret d'enfant
Dans ce jardin de roses de personne
Puis la nuit se fit claire aggravée d'une lampe
Et l'ombre de la lampe éteignait ton sourire
L'ange fut un instant ton ami, disparu
Sur la terre trempée d'un plus haut souvenir
Béatrice Douvre, in Oeuvre poétique, peintures et dessins, préface de Phillipe Jaccotett, p.199
Voix d'encre.
Le temps franchi
Toujours les voix reviennent
Doucement invisibles
Sur ton visage aimé tarde un amour
La vague est "tourmentante" et les barques faciles
Le silence est l'herbe que l'on brise
Sur la mer la nuit du ciel est mûre
Et toujours les mots se perdaient sans franchir
Toujours les mots s'ouvraient sur des yeux purs.
ibid p.127
Dehors, aveuglément
Regarde-moi courir, m'éloigner dans l'apparence
Vers les rires bleus de l'air
Immense
La soif divisée
J'ai l'appétit fermé par le malheur
Comme ces bêtes au front silencieux
Ont mille morts mille hontes légères
Un vent du sol entier
Parcourt mes membres, leur perfection
De sable froid
Soulève encore une piste de pas
Et d'autres pas se perdent sur la mer
D'autres mains, doucement infinies
J'ai l'âge travesti des forêts, mais je danse.
ibid p.129