tag:blogger.com,1999:blog-36577092675192669142024-03-28T18:39:09.413+01:00LE TEMPS BLEULe temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.comBlogger377125tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-61316484956302566092024-03-28T15:02:00.002+01:002024-03-28T15:05:55.187+01:00Adrian Grima, quand tu laisses parfois ta main sur la mienne. <div><br /></div><div> Existence endormie </div><div><br /></div><div> Je marche aussi doucement que possible </div><div> dans cette existence endormie, </div><div> pour qu'elle ne me voie pas, </div><div> filer en silence. </div><div> Je reviens sans un mot, </div><div> attendre que la pièce se vide </div><div> et rentrer me reposer. </div><div> L'existence désire le silence. </div><div><br /></div><div> Adrian Grima, in <i>Ici arrivent les mouettes, </i>traduction d'Elizabeth Grech, publication par La Fondation de Malte, en 2012. </div><div><br /></div><div><br /></div><div> Ce soir, si tu veux...</div><div><br /></div><div> Ce soir, si tu veux, </div><div> nous irons à la mer </div><div> compter les étoiles. </div><div><br /></div><div> Ce soir,</div><div> si les effluves marines nous enivrent, </div><div> nous partirons à l'assaut de l'horizon </div><div> jouer avec les vagues. </div><div><br /></div><div> Et si la lune se dévoile, </div><div> nous irons cueillir un à un </div><div> ses reflets colorés, </div><div> les laver,</div><div> puis les relâcher d'un seul coup. </div><div><br /></div><div> Et s'il n'est pas trop tard, </div><div> si le soleil n'est pas encore levé </div><div> tu pourras, si tu veux, </div><div> poser ta tête sur mon corps </div><div> je te prendrai dans mes bras,</div><div> je mouillerai tes cheveux sur ma poitrine, </div><div> je te bercerai sur l'eau, </div><div> si tu veux.</div><div><br /></div><div> p.11</div><div><br /></div><div> Lorsque tout le monde s'en va </div><div><br /></div><div> Parfois je perds mes mots</div><div> et rien ni personne ne les retrouve.</div><div> Mais tu envoies des gens me dire</div><div> "quelqu'un te demande". </div><div> Puis tu portes mon coeur </div><div> et tu laisses la rumeur dehors; </div><div> tu adoucis les coups, </div><div> tu fais sortir tout le monde; </div><div> et ouvres les fenêtres </div><div> pour faire entrer le silence en cachette.</div><div> La nuit, </div><div> quand les pensées m'envahissent, </div><div> tu cognes doucement à la porte de mon coeur, </div><div> et tu attends </div><div> de m'entendre.</div><div> </div><div> ibid p.40 </div><div><br /></div><div> Tu as laissé tes hanches sur mon âme </div><div><br /></div><div> Tu as laissé ta main sur mon coeur, dit-elle, </div><div> comme une brise le matin, </div><div> un ciel sombre sur la mer, </div><div> comme les mouettes en vol vers la gloire, </div><div> comme les mots gravés, comme une histoire.</div><div> Tu es la fraîcheur qui me porte,</div><div> le souffle qui me recouvre. </div><div> Tu as laissé tes hanches sur mon âme.</div><div><br /></div><div> ibid p.37 textes d'Adrian Grima, publiés par la Fondation de Malte, traduits en français, en 20012</div><h1 style="text-align: left;"> <br /><i> </i></h1>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-41903191070046406042024-03-22T18:35:00.003+01:002024-03-24T14:24:21.038+01:00Albert Samain, au jardin de l'infante <div><br /></div><div><br /></div><div> Je rêve de vers doux et d'intimes ramages, </div><div> De vers à frôler l'âme ainsi que des plumages, </div><div><br /></div><div> De vers blonds où le sens fluide se délie </div><div> Comme sous l'eau la chevelure d'Ophélie, </div><div><br /></div><div> De vers silencieux, et sans rythme et sans trame </div><div> où la rime sans bruit glisse comme une rame, </div><div><br /></div><div> De vers d'une ancienne étoffe, exténuée, </div><div> Impalpable comme le son et la nuée, </div><div><br /></div><div> De vers de soir d'automne ensorcelant les heures </div><div> Au rite féminin des syllabes mineures. </div><div><br /></div><div> Je rêve de vers doux mourant comme des roses. </div><div><br /></div><div> in <i>Au jardin de l'infante, </i>Albert Samain, p.587, Les plus belles pages de la Poésie Française, </div><div> Sélection du Reader's Digest. ;</div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-22384629886188573382024-03-15T10:12:00.000+01:002024-03-15T10:12:10.954+01:00Roberto Juarroz, quand le mot répète ses silences au croisement de nos vies<div><br /></div><div> 35</div><div><br /></div><div> Le coeur répète ses silences, </div><div> après avoir essayé sa sonorité, </div><div> ses coups, sa cadence, son rythme emprisonné, </div><div> sa manière d'être vivant. </div><div><br /></div><div> La pensée répète ses silences, </div><div> après avoir reçu tant de silence </div><div> venant du dehors </div><div> comme une toile tendue. </div><div><br /></div><div> Le mot répète ses silences, </div><div> après avoir accordé tout l'accordable </div><div> et même presque l'inaccordable, </div><div> au croisement du son et du sens. </div><div><br /></div><div> A un moment ou un autre, </div><div> chaque chose doit se livrer au moins </div><div> à une répétition plus grande qu'elle-même, </div><div> une répétition qui inclue </div><div> sa propre négation. </div><div><br /></div><div> 36 </div><div><br /></div><div> Quand on a porté tous les toasts </div><div> il reste généralement un silence dans le silence </div><div> ou une petite voix dans la voix </div><div> qui rappelle l'autre côté des choses. </div><div><br /></div><div> Quand on a porté un toast à l'être </div><div> il faut en porter un nouveau au non-être. </div><div> La différence est faible, </div><div> peut-être rien qu'une vibration concise dans l'air. </div><div><br /></div><div> Ou peut-être un goût timide dans le vin. </div><div> Portant le verre et la main sont les mêmes.</div><div><br /></div><div> Roberto Juarroz, Dixième poésie verticale, traduction de François-Michel Durazzo, </div><div><i> Ibériques, </i>éditions Corti.2012 .</div><div><br /></div><div> </div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-45047263279662538922024-03-08T10:17:00.000+01:002024-03-08T10:17:44.723+01:00Paul Claudel, poèmes au verso de Sainte Geneviève<div><br /></div><div><br /></div> La muraille intérieure de Tokyo <div><br /></div><div> Non point la forêt ni la grève, chaque jour le site de ma promenade est un mur. </div><div> Il y a toujours un mur à ma droite.</div><div> Un mur que je suis et qui me suit et que je déroule derrière moi en marchant et devant moi il y a </div><div> encore provision et fourniture. </div><div> Un mur continuellement à ma droite, </div><div> à ma gauche il y a la ville et les grandes avenues en partance vers toute la terre. </div><div> Mais il y a un mur à ma droite. </div><div> Je tourne (à cette station du tram) et je sais que c'est par là la mer, </div><div> Mais le mur est indécollable à ma droite, </div><div> Il y a toute une ville sous mes pieds, tout un monde fragile dans le soir qui s'allume et s'éteint, </div><div> Mais cela n'empêche pas ce mur à ma droite, </div><div> Un mur qui ne me conduit ailleurs que pour me ramener au même point, </div><div> Et quand je fermerais les yeux, je n'ai qu'à tendre la main pour vérifier cette présence à ma droite. </div><div><br /></div><div> ***</div><div><br /></div><div> Le pêcheur attrape les poissons avec ce panier profondément enfoui au-dessous des vagues. </div><div> Le chasseur avec cet invisible lac entre deux branches attrape les petits oiseaux. </div><div> Et moi, dit le jardinier, pour attraper la lune et les étoiles il me suffit d'un peu d'eau, et les cerisiers </div><div> en fleur et les érables en feu, il me suffit ce ruban d'eau que je déroule.</div><div> Et moi, dit le poète, pour attraper les images et les idées il me suffit de cet appât de papier blanc, </div><div> les dieux n'y passeront point sans y laisser leurs traces comme les oiseaux sur la neige.</div><div> Pour tenter les pas de l'Impératrice-de-la -Mer il me suffit de ce tapis de papier que je déroule, </div><div> pour faire descendre L'Empereur-du-ciel il me suffit de ce crayon de lune, il me suffit de cet </div><div> escalier de papier blanc. </div><div><br /></div><div> ***</div><div><br /></div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-70603059682792954252024-03-01T10:12:00.000+01:002024-03-01T10:12:07.929+01:00Apollinaire, "si on me laissait faire" ...<div><br /></div><div><br /></div><div> ô temps ô seul chemin d'un point à l'autre </div><div> Si l'on me laissait faire j'aurais vite changé </div><div> Le coeur des hommes et partout il n'y aurait plus </div><div> Que de belles choses</div><div> </div><div> Au lieu de fronts courbés au lieu de pénitences </div><div> Au lieu de désespoir et de prières il y aurait partout </div><div> Les reliquaires les ciboires les ostensoirs </div><div> étincelant au fond des rêveries comme ces </div><div> Divinités antiques dont le rôle poétique </div><div> Est près d'être terminé </div><div><br /></div><div> Si on me laissait faire j'achèterais </div><div> Les oiseaux captifs pour leur rendre leur liberté </div><div> Je les verrais avec une joie sans mélange </div><div> Prendre leur vol et n'avoir pas même l'idée </div><div> D'une vertu nommée reconnaissance </div><div> A moins que ce ne soit gratitude.</div><div><br /></div><div> <i>Poèmes inédits </i></div><div><i> </i></div><div><i> </i>Textes et poèmes mis en images par Yael van den Hove, La Renaissance du Livre, mai 2003.</div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-55150043722244947802024-02-16T10:27:00.001+01:002024-02-16T10:40:53.879+01:00Pierre Dhainaut, par ce vent qui va vers la mer, sois ma vigilance.<div><br /></div> Première fois : <div><br /></div><div> Au creux des dunes, au fil des dunes, errant, espérant la mer, aucune empreinte, errant, simplement </div><div> les oyats, le sable qui fuit, l'éboulis, le crissement des pas, le moindre pas de la mer je m'approche </div><div> et je l'entends, clair fracas sur mes tempes, au creux des dunes, au fil des dunes...</div><div><br /></div><div> Première fois :</div><div> </div><div> Sentiers, je gravis, laisse bientôt les prés, les arbres et voici le roc abruptement, déjà le vertige, une </div><div> fleur s'agite au bord du ciel, la paroi brille, une fleur solitaire, éclose, voici dans l'ultime effort le </div><div> ciel, la fleur qui me reçoit...</div><div> </div><div> Chemin ouvert, l'ample, unique chemin si le vent me demande, </div><div><br /></div><div> En ce vent de la mer je me perds, me rencontre émerveillé. </div><div> Poursuivant, inscrivant, le même où que j'aille, un sillon de mots </div><div> Par ce vent qui va vers la mer, ma vigilance. </div><div> </div><div><br /></div><div> in <i>Le poème commencé</i>, Pierre Dhainaut, paru au Mercure de France, p.p.124:125, achevé d'imprimer 24 février 1969.</div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-16261916557860577562024-02-09T10:55:00.000+01:002024-02-09T10:55:44.833+01:00Adrian Crima, quand, ici, arrivent les mouettes.<div><br /></div><div><br /></div> Lorsque tout le monde s'en va <div> seule reste l'odeur des mégots; </div><div> quand les noires idées s'installent, </div><div> quand mon coeur veut s'enfuir </div><div> se jeter dans le vide : </div><div> à ce moment, tu me portes. </div><div><br /></div><div> Parfois je perds mes mots </div><div> et rien ni personne ne les retrouve.</div><div> Mais tu envoies des gens me dire :</div><div> "Quelqu'un te demande".</div><div> Puis tu portes mon coeur </div><div> et tu laisses la rumeur dehors ; </div><div> tu adoucis les coups,</div><div> tu fais sortir tout le monde ;</div><div> et tu ouvres les fenêtres </div><div> pour faire entrer le silence en cachette. </div><div> La nuit, </div><div> quand les pensées m'envahissent, </div><div> tu cognes doucement à la porte de mon coeur, </div><div> et tu attends </div><div> de m'entendre. </div><div><br /></div><div> Hawn Jidhol il-Gawwi, Ici arrivent les mouettes, Adrian Grima, traduction Elisabeth Grech, </div><div> Fondation de Malte.</div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-1250938216827718422024-01-31T23:25:00.000+01:002024-02-02T10:48:12.382+01:00Madeleine Gagnon, quand rien ne se taisait et qu'on tentait de jouer encore à vivre<div><br /></div><div><br /></div> Rien n'affleurait encore dans les mots, mais rien ne se taisait non plus. <div> On aurait dit un jour de nuit, un temps sans raison où dans la pensée vide l'éternel s'entend. </div><div> Alors, on appelle le songe, quelque imagine insolite, des lettres en déroute, ou bien on va </div><div> dehors, on va jouer à vivre. </div><div> Puis le retour, chez soi à table, le soleil dans les mains. </div><div> L'autre rive s'imagine, on voit tous les demains du monde. </div><div> A l'horizon se tire un large trait pour que les longues heures là soient à l'abri certaines. </div><div> On reste tout dedans, glissant fous sur ce laps de temps. </div><div> </div><div> L'enfance joue longtemps et ce jour d'aujourd'hui en livre ses éclats.</div><div><br /></div><div> in Autour du temps, anthologie de poètes québécois contemporains, éditions du Noroît, p.64, </div><div> paru en 18/11/1999.</div><div> </div><div> Si tu veux vivre longtemps </div><div> invoque </div><div> chauve-souris ou tortue </div><div> jamais l'aigle </div><div> encore moins le hibou </div><div><br /></div><div> Vise l'ombre et le lent </div><div> comme une éternité. </div><div> </div><div> p.66 </div><div> </div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-85315550882032957402024-01-26T18:20:00.000+01:002024-01-26T18:20:53.548+01:00Itzik Manger, sur la route, il y a un arbre, un arbre tout courbé.<div><br /></div><div><br /></div> Sur la route il y a un arbre, un arbre tout courbé. <div> Tous les oiseaux de cet arbre se sont envolés. </div><div> Trois vers l'est, trois vers l'ouest et les autres vers le sud. </div><div> Et l'arbre, seul, abandonné, est livré à la tempête.</div><div> </div><div> Je dis à ma mère :</div><div> - Ecoute, ne me retiens pas surtout pas ! Je vais, maman, et une et deux, devenir oiseau... </div><div> J'irai sur l'arbre et je le bercerai par-delà l'hiver </div><div> D'une belle mélodie, je le consolerai </div><div><br /></div><div> La mère, en larmes, dit à l'enfant : </div><div> - Tu risques sur l'arbre, Dieu me garde, de prendre froid.</div><div><br /></div><div> Je dis:</div><div> - Maman c'est dommage...Tes beaux yeux...</div><div> Et quoiqu'il arrive, je suis déjà oiseau.</div><div><br /></div><div> La mère pleure : </div><div> - Itsik, ma couronne !</div><div> Prends, pour l'amour de Dieu, prends au moins un châle, dehors tu risques de geler. </div><div> Et les bottines, chausse-les, l'hiver est rude, et prends aussi le lainage. </div><div> Pour moi, la peine et l'amertume. </div><div> Et prends le manteau d'hiver, mets-le, inconscient ! </div><div> Si tu ne veux pas être invité à la table des morts...</div><div><br /></div><div> Je soulève l'aile, ça m'est difficile.</div><div> De trop de choses, la mère a habillé son faible petit oiseau </div><div> Je regarde tristement les yeux de ma mère : </div><div> son amour ne m'a pas permis de devenir oiseau. </div><div><br /></div><div> Sur la route il y a un arbre, un arbre tout courbé.</div><div> Tous les oiseaux de cet arbre se sont envolés.</div><div><br /></div><div> Itzik Manger , in Tamara, Des racines jusqu'aux ailes, </div><div><br /></div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-89866320406473705622024-01-19T10:33:00.000+01:002024-01-19T10:33:49.367+01:00Jan Skacel, les hommes donnent à la poésie ce qu'il y a de bon en eux. <div> </div><div> La forêt </div><div><br /></div><div> J'aime la forêt,</div><div> parce quelle parle peu, </div><div> pas une fois dans une vie. </div><div> Parfois j'écoute dans la nuit </div><div> les querelles sanglantes de ses cimes </div><div> dans la tempête courroucée, </div><div> </div><div> avec la grisaille s'écroule </div><div> la pierre ou ne s'écroule pas, </div><div> et le ruisseau aussi. </div><div><br /></div><div> Après la mort - seulement des troncs d'arbres - </div><div> ils luisent avec les âmes des morts </div><div> et laissent pousser les armillaires, </div><div> petits champignons orphelins. </div><div><br /></div><div> Ils sentent si bien que tu dois t'agenouiller </div><div> et baiser la tête devant les bâtons des bourreaux </div><div> pour respirer un peu </div><div> le destin de ceux </div><div> qui toute leur vie se tiennent droits. </div><div><br /></div><div> in Le poète Jan Skacel, traduit de l'allemand et du Tchèque, éditions calligrammes, p.p. 72/73.</div><div> </div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-90580057848260979452024-01-12T12:27:00.001+01:002024-01-12T12:34:35.551+01:00Pierre Dhainaut, peux-tu venir ? Sans parler, sans voir, je suis ton rire cassé. <div> </div><div> Tu viens. Sous mes doigts, la permanence, tes seins sont le miel et la braise, </div><div> substance et grain des choses, ton ventre brille somptueux, mouvant, le feu prend au fond </div><div> du bois de pins. </div><div> Tes jambes ont le profil des sables emportés, tourbillonnent, elles mesurent les marées. </div><div> Toison heureuse! tu ordonnes tes cheveux, saisissement, frimas, déroules tes cheveux, </div><div> délire ocellé du matin, boucles au gré de ton caprice, en cortège et bruit de feuilles, rites </div><div> fougueux, migrations, </div><div> Voie lactée. </div><div> Je ne cillerai pas devant cette splendeur. </div><div> Tu viens, je n'ai plus de passé, je n'ai plus qu'à dire ta </div><div> puissance et ta louange et la chance à la fois de tout ce que je vois : tu marches et tu parles. </div><div> Indissoluble, une île au large d'un ciel calme, l'univers est ton oeuvre, i</div><div> il est par toi nommé, porté </div><div> jusqu'à l'oscillation de flamme haute en ton nom, certitude. </div><div> Nous vivons, nous n'avons point à recueillir des ruines. Vivons, nous comprenons. </div><div> </div><div> Cris du merle à travers l'arbre et la mer entre ces cris, nos doigts noués, le jour nouveau, sources,</div><div> ruisseaux, la renouée, la sauge, torrents, cascades, la véronique, l'hélianthème, et lacs et fleuves, </div><div> l'iris et la scabieuse, nos regards, rires et chants, ils vont plus loin que le rivage et plus loin que la mer, en tel espace où la mer se franchit d'un coup d'ailes, où la terre est une goutte d'eau, le ciel </div><div> le ciel s'y reflète et s'irise en un doux froissement de pétales. </div><div><br /></div><div> Oh! blanc d'appels et de réponses et d'appels renouvelés, notre corps, origine et soleil, les oiseaux </div><div> se dirigent vers nous, s'échappent de nous, bondissant, invincibles, un corps, le nôtre, au centre </div><div> créateur, en ce corps, le nôtre, au centre créateur, en ce point de fusion dans le secret d'amour, </div><div> dans l'évidence, un corps, le nôtre, origine, éternité. </div><div><br /></div><div> Pierre Dhainaut, in <i>Le poème commencé, </i>Mercure de France, p.p.85/86, </div><div> </div><div><br /></div><div> </div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-80476002742063700342024-01-05T11:35:00.000+01:002024-01-05T11:35:19.629+01:00Trésor de la poésie indienne: Rabindranath Tagore et son mot de partance<div><br /></div><div><br /></div> Lorsque je m'en irai d'ici, que ceci soit mon mot de partance : que ce que j'ai vu est insurpassable. <div> J'ai goûté au miel secret de ce lotus qui s'étale sur l'océan de la lumière, et ainsi j'ai été béni - que </div><div> ce soit mon mot de partance. </div><div> J'ai joué dans ce palais des formes infinies et là j'ai aperçu celui qui est sans formes. </div><div> Mes membres et mon corps entier ont tressailli au toucher de celui qui n'est pas tangible. </div><div> Ah! si la fin doit venir ici, qu'elle vienne ! -ceci soit mon mot de partance. </div><div><br /></div><div> Rabindranath Tagore, in <i>Un feu au coeur du vent, Trésor de la poésie indienne, </i></div><div><i> <br /></i><div> Des Védas au XXl iéme siècle. éditions de Zéno Bianu, p.131</div><div><br /></div></div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-87788019359796436512023-12-29T10:24:00.001+01:002023-12-31T17:41:04.300+01:00Marilyne Bertoncini, cette fable de cendre ou de sable sous nos pas<div><br /></div><div><br /></div><div><br /></div><div><br /></div> Fable de la Femme Sable <div> Fable de cendre sous mes pas </div><div><br /></div><div> âme fantôme </div><div><br /></div><div> Elle </div><div> s'épuise en pure perte </div><div> et l'or d'Elle s'écoule </div><div> tandis que palpitantes murmurent </div><div><br /></div><div> balbutiantes les paroles </div><div><br /></div><div> in Sable, Sand, p.24, Maryline Bertoncini et Wanda Mihutleac, éditions Transignum, Paris, 2019 </div><div><br /></div><div> ô corps de Danaé enseveli sous l'or </div><div> du désir sable devenu té</div><div><br /></div><div> meuble et fluide manteau instable </div><div> là pénètre la dissout </div><div> flamme palimpseste </div><div> d'elle-même </div><div><br /></div><div> dans l'éternel inchoatif des nues qui passent en reflet </div><div> des dunes grises de la mer et des vagues de sable </div><div><br /></div><div> les pas sans fin s'enchaînent </div><div> sans fil sans trace </div><div> </div><div> ibid p.28 </div><div> </div><div> Lovée au creux des dunes </div><div> le nez contre le sable humide à peine sous les touffes de carex </div><div> comme au creux d'une aisselle au parfum minéral </div><div> intense et fade dans la mémoire </div><div> caresse rêche animale et poudreuse </div><div><br /></div><div> je sais qu'Elle respire </div><div> de nous de notre rire </div><div><br /></div><div> je déboule dévale le long du flanc de Sable </div><div> et la dune s'écroule émue de son écume sèche</div><div><br /></div><div> je déboule dévale du giron de la dune </div><div> et ma main écorchée à sa couronne barbelée </div><div><br /></div><div> saigne couleur de rouille sur l'éclatant </div><div> cristal</div><div> de silice </div><div><br /></div><div> Je suis fille de Sable</div><div> mais les mots </div><div> m'appartiennent </div><div><br /></div><div> Je crie </div><div> J'écris. </div><div> </div><div> Marilyne Bertoncini p.48 </div><div><br /></div><div> Grain </div><div> </div><div> Pour l'enfant, le grain, c'est d'abord celui d'une peau, </div><div> celle de sa mère dont le corps est le plus beau des paysages. </div><div><br /></div><div> Ce grain, on ne l'oublie jamais. </div><div> Il est le souvenir enfoui qui émerge quand on s'y attend le moins </div><div> dans le souffle chaud de la grâce. </div><div><br /></div><div> Un seul grain de sable recèle tout le sable, </div><div> tous les destins des êtres et des choses, </div><div> la vie et la mort aussi. </div><div><br /></div><div> La légère de ce grain est sa force, </div><div> son humilité est sa beauté.</div><div><br /></div><div> ibid p.53 </div><div> </div><div> Marilyne Bertoncini et Wanda Mihleac, paru aux éditions Transignum, le 2 janvier 2019.</div><div><br /></div><div><br /></div><div><br /></div><div> </div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-25131164157358208812023-12-22T10:08:00.000+01:002023-12-22T10:08:16.409+01:00Arthur Rimbaud, un épisode de sa vie rapporté par Segalen, son contemporain<div><br /></div><div><br /></div><div><br /></div><div><br /></div> Imaginons " : La lumière pulvérulente, un sol plus implacable de crudité que le ciel même. <div> </div><div> Le cercle horizontal reculé presque derrière les nuages et la grande calotte bleue sans accrocs, à caresser; à l'aube, la plaine d'un brun blond, toute embuée de vapeurs bleues, s'éveille.</div><div><div> </div><div> Les caravanes s'étirent. Les chameaux jaunasses, dont les genoux sont liés en X, </div><div> sautillent en s'aidant de coups de tête. De petites chèvres curieuses viennent vous dévisager.</div><div> Puis tout cela se met en route sur l'interminable sentier sans ressaut. </div><div> </div><div> La lumière croît. On dirait qu'elle contourne les objets, tant les ombres même sont mordantes. </div><div> Cela se parsème de sons grêles comme des tintements de clochettes, comme le heurt des os de </div><div> chameaux. </div><div> Des poussières dorées blondissent, qui sentent brun et âcre, vous évoquent l'encens; non plus la </div><div> drogue édulcorée des paroisses riches, mais ces résines impures à peine malaxées, toutes chargées </div><div> d'autres arômes de terroir. </div><div><br /></div><div> Quelques versants de montagnes bien arrosées, tels ceux de "Gan-Libache", offrent une végétation </div><div> superbe, non moins belle que celle des monts éthiopiens. </div><div><div> Le naturiste Mengès y a reconnu le genévrier gigantesque et la magnifique "djibara" tressant sa </div></div></div><div> hampe florale à plusieurs mètres de hauteur. </div><div> Les caféiers prospèrent sur les avant-monts du massif du Choa. </div><div> Après les pluies légères qui tombent dans la contrée, c'est une mer de hautes herbes, interrompues </div><div> en quelques endroits par des champs de cailloux". </div><div> </div><div> in <i>Les "finisterres" de l'esprit, </i>p<i>.</i>p.90,/92, Kenneth White, paru aux éditions de Scorff, </div><div> le 14 mars 1998.</div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-61991677187498062412023-12-15T12:15:00.003+01:002023-12-20T17:02:07.297+01:00Michel Butor, excusez-moi si je dérange ou si je suis encore en avance <div><br /></div><div> En avance </div><div><br /></div><div> Je suis arrivé un peu tôt </div><div> excusez-moi je vous dérange </div><div> dans les derniers préparatifs </div><div> de cette fête où vous avez </div><div> eu la bonté de m'inviter </div><div> je vois que ce sera splendide </div><div> il s'en faut d'une heure à peu près </div><div> pour que s'ouvre la grande entrée </div><div><br /></div><div> Ah! si seulement je pouvais </div><div> vous aider en quelque manière </div><div> je sais que mes capacités </div><div> ne sont pas tellement brillantes </div><div> en ce domaine mais peut-être </div><div> aligner des chaises porter </div><div> les bouquets vous vous inquiétez </div><div> je saurai me faire oublier </div><div><br /></div><div> J'avais pourtant porté ma montre </div><div> à réparer chez l'horloger </div><div> mais il m'a dit que ce modèle </div><div> était trop récent qu'il n'avait </div><div> pas encore les bonnes pièces </div><div> ni même la notice à jour </div><div> il n'y est pour rien car sans doute </div><div> je n'ai même pas regardé </div><div> </div><div> La première n'est que demain </div><div> je trouble la répétition </div><div> L'éclairage n'est pas au point </div><div> il faut ajuster quelques robes </div><div> on se précipite en coulisses </div><div> j'aime cette fébrilité </div><div> mais quelques regards furibonds </div><div> me débusquent dans ma cachette </div><div><br /></div><div> L'examen c'est jeudi prochain </div><div> je me trompe d'une semaine </div><div> J'aurais mieux fait de réviser </div><div> ou même de me reposer </div><div> il ne faut pas tenter trop jeune </div><div> car dans les recommencements </div><div> on n'a plus la même fraîcheur </div><div> le doute s'insinue partout </div><div><br /></div><div> L'administration de saint Pierre </div><div> m'examine à l'entrée du ciel </div><div> je ne suis pas dans les registres </div><div> de la journée il me faudra </div><div> patienter jusqu'au Jugement </div><div> je vais dans la salle d'attente </div><div> me plonger dans des mots croisés </div><div> à trois ou quatre dimensions </div><div><br /></div><div> Je me suis réveillé trop tôt </div><div> j'aurais peut-être su le mot </div><div> de l'énigme il fait encore nuit </div><div> je vais profiter du lever </div><div> de soleil tout en préparant </div><div> un peu de thé pour écouter </div><div> les tristes nouvelles du jour </div><div> mais il faut un peu de patience </div><div><br /></div><div> Même si je suis grabataire </div><div> même si je me sens à charge </div><div> un peu de braise sous la cendre </div><div> tentera de se ranimer </div><div> surtout si le monde s'enfonce </div><div> dans une violence inouïe </div><div> ce ne sera que pour un temps </div><div> j'aurai fermé les yeux trop tôt </div><div><br /></div><div> in Par le temps qui court, de Michel Butor, p.p. 167/168/ 169, choix de l'auteur, Orphée, </div><div> imprimé sur les presses de Espacegrafic, en août 2016.</div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-33681198401624194112023-12-08T10:00:00.000+01:002023-12-08T10:51:45.346+01:00Alain Borne, avec celui qui vient de la campagne verte et blanche<div> </div><div><br /></div> Esquisse <div><br /></div><div> Il vient de la campagne verte et blanche </div><div> par le sentier où si peu passent </div><div> l'homme aux yeux sans rencontres </div><div> le pauvre aux belles mains dédaignées des besognes </div><div><br /></div><div> Il pose son visage blessé contre la grille </div><div> et regarde le parc fardé de trop de fleurs </div><div> et voit voler les balles qui se disputent deux blancheurs </div><div> ainsi que des oiseaux dégagés de leurs ailes. </div><div><br /></div><div> Si sa vie n'est pas de lui </div><div> ce pantin le fait rire qu'il se sent devenu </div><div> cet humble vieux au chapeau gris où les sous pleuvent </div><div><br /></div><div> Sa faim est loin de lui avec sa vie sans joie </div><div> le jeu de ses yeux clairs le rend à son enfance </div><div> et il se voit </div><div> tel qu'il n'a cessé d'être en son coeur travesti. </div><div><br /></div><div> 17 mai 1941 </div><div><br /></div><div> Alain Borne, Poème extrait de <i>Seuils, </i>Editions Les Cahiers de l'Ecole de Rochefort, 1943, p.139 </div><div><br /></div><div> Il y a des poèmes qui ne se nourrissent ni de roses ni d'oiseaux, qui ne boivent pas </div><div> la rosée des fleurs, qui ne se penchent pas sur la source, qui n'aiment pas les jeunes filles </div><div> à l'instant du bourgeon. </div><div> Ils ont un visage dur et une odeur d'hiver qui dédaignerait la neige. </div><div> Ils parlent de chevaux, de labours, d'humbles herbes, d'enfants sans jouets. </div><div> L'amour y semble caché mais apparaît soudain aux trous de l'étoffe avec son insolent éclat </div><div> de toujours. </div><div> Ils sont avides comme des rustres. Ils ont de grosses mains. Leur rire est triste. Ils grelottent. </div><div> Ils ont faim. Ils donnent à manger. Le sang coule d'eux, frais, rouge et vite noir, luisant comme </div><div> un long regard échappé. </div><div> Les poèmes qui ne se nourrissent ni de roses ni d'oiseaux ont une santé à briser le monde. </div><div> Il leur arrive de montrer vraiment l'intérieur du corps qui est rouge et l'intérieur de l'âme </div><div> qui est noir et vide. </div><div><br /></div><div> Alain Borne, Poèmes extraits de <i>Le plus doux poignard, </i>Le Pont de l'épée, 1971, p.171</div><div><br /></div><div><br /></div><div><br /></div><div><br /></div><div><br /></div><div><br /></div><div><br /></div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-9951358541952452152023-12-01T12:37:00.003+01:002023-12-08T10:12:46.924+01:00Isabelle Lévesque, le monde est sans couture, c'est notre regard qui la plisse<div><br /></div><div><br /></div> Sous le tissu clair <div><br /></div><div> Je confie le monde à tes gestes. </div><div><br /></div><div> - Tu glisses sous le tissu clair </div><div> racine ou mystère. </div><div> Tu glisses dans ta voix le ciel </div><div> et nul ne sait la clef.</div><div> Tu condamnes au silence </div><div> la lame de nuit.</div><div> Je n'ai pas vu caché ce présent, </div><div> le mot qui te dévoile. </div><div> Détails du blason. Je crois </div><div> encore au mystère. </div><div> </div><div> Je porte le phare venu de loin.</div><div> Je porte dans la nuit </div><div> dernière étoile, trop de nuages. </div><div> Tu peux me suivre, reprenant chant marin.</div><div> Ton accordéon fait des ombres. </div><div> Je te vois indistinct matin, </div><div> ta voix ton retour.</div><div><br /></div><div> Des danses lumineuses </div><div> subsiste un refrain, </div><div> soufflé durant la traversée, </div><div> porte ultime du ciel, </div><div> seuil parfumé des sons, </div><div> syllabe ouverte</div><div> tant tu répètes libre ou sacré, </div><div> tant tu perds, dissipant dans ta course </div><div> les peurs </div><div> où je sombre. </div><div><br /></div><div> Je te vois percer d'une rade l'espace clos des mers </div><div> et dernier son, accordéon de paume, </div><div> mélodie de l'univers sur la peau,</div><div> n'altère jamais la portée de nos voix traversières. </div><div><br /></div><div> p.164, in Diérèse, n°58 / automne-hiver 2012 , Gérard Titus-Carmel </div><div><br /></div><div> "Tu restes planté là où le réel abonde dans ton poing fermé". </div><div> </div><div> "Tu es l'inespéré, </div><div> l'arbre aux racines </div><div> enchevêtrées, </div><div> l'innommé.</div><div><br /></div><div> ibid, p.168.</div><div> </div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-17027316359504293902023-11-24T09:08:00.002+01:002023-11-24T11:12:13.005+01:00Jeanne Benameur, quand les fragments de ce monde s'offrent à moi, je suis du côté du silence<div><br /></div><div><br /></div> Je suis une femme à sa table de travail <div> comme toi Isis je cherche la forme que pourront prendre</div><div> les fragments de ce monde que je porte en moi </div><div> je vois je sens </div><div> tout mon corps à nouveau requis </div><div> je vois des formes hésitantes </div><div> au creux où s'arrimer </div><div> aux à-pics effrayants </div><div> où il faudra grimper </div><div> et redescendre </div><div> dans les signes écrits sur la page </div><div><br /></div><div> à quoi sert de donner forme</div><div> à quoi sert mon patient travail </div><div> cela ne change pas le monde </div><div><br /></div><div> je ne suis pas une militante </div><div> je sais que je ne change pas le monde </div><div> je suis seulement </div><div> quelqu'un qui donne forme </div><div> à ce que le monde crée en moi </div><div> ai-je seulement une espérance ?</div><div><br /></div><div> la seule je crois </div><div> c'est que d'autres viendront se consoler et prendre force </div><div> dans les formes que je crée </div><div> qu'ils reconnaissent en eux </div><div><br /></div><div> quand j'ai lu Phèdre pour la première fois </div><div> j'ai reconnu l'ardeur de la souffrance </div><div> la mienne </div><div> j'avais treize ans </div><div> les affres de Phèdre n'étaient pas les miens </div><div> mais l'intensité de la souffrance </div><div> je la reconnaissais </div><div> logée depuis longtemps </div><div> dans tout mon être </div><div><br /></div><div> et je n'avais pas de mot </div><div><br /></div><div> j'ai reconnu la folie et la souffrance </div><div> et de les reconnaître </div><div> portée par des mots justes </div><div> un rythme qui me soulevait </div><div> j'ai su </div><div> que je n'étais ni folle ni seule </div><div> parce qu'un autre être humain les avait écrits </div><div> sans en mourir </div><div> et que moi je pouvais les lire </div><div> et que je vivais </div><div> entière enfin </div><div> par les mots </div><div><br /></div><div> s'ancrait en moi </div><div> la conscience farouche </div><div> que ma vie c'était ça </div><div> au fond de moi attendait </div><div> une petite fille armée</div><div> de son seul désir d'entrer dans l'alphabet </div><div> et de sa craie </div><div> dans une cuisine lointaine là-bas </div><div><br /></div><div> la voie des signes </div><div> la voie silencieuse </div><div> secrète </div><div> c'est ma voie </div><div> je n'en ai jamais dérogé. </div><div><br /></div><div> in Le Pas d'Isis, de Jeanne Benameur, éditions Bruno Doucey, p.p.42/44</div><div><br /></div><div> "Aujourd'hui, je prends seulement le temps de l'écrire, de la façon la plus juste possible", précise </div><div> l'auteure :</div><div> Je ne serai jamais du côté des cris et de la violence </div><div> même si elle cherche la justice </div><div> je suis du côté du silence. </div><div><br /></div><div> ibid p.51</div><div> </div><div><br /></div><div><br /></div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-1455788358175119732023-11-17T14:05:00.001+01:002023-11-18T10:49:35.757+01:00Lettre de Madame du Deffand à Monsieur de Voltaire <div><br /></div><div><br /></div><div> à Monsieur De Voltaire, le 23 novembre 1770 </div><div> </div><div> Je conviens que je suis peu "amusable", que l'on me procure souvent des moments de dégoût: </div><div> c'est un inconvénient qui ne m'arrivera jamais par vous ; mais que vous ayez besoin de votre </div><div> temps avec moi pour réussir, vous devez savoir que ce que le temps dure depuis quelque temps; </div><div> il y a un peu plus de cinquante ans que vous en faites l'épreuve. </div><div> Rougissez donc, monsieur, de recevoir des impressions par vos nouvelles connaissances contre </div><div> la plus ancienne et la meilleure de vos amies. Votre livrée me hait, je sais bien pourquoi. </div><div> </div><div> <i>Je n'ai point devant eux pu fléchir les genoux, </i></div><div><i> Ni leur rendre un honneur que je ne rends qu'à vous. </i></div><div><i><br /></i></div><div><i> </i>Ne les écoutez plus, et ne donnez point à la grand'maman occasion de croire que vous êtes </div><div> ingrat et injuste : elle est témoin de mon amitié et de mon admiration pour vous; repentez-vous, </div><div> et vous obtiendrez votre pardon. </div><div> Votre épître est charmante. Vous ne m'avez point envoyé votre article <i>Dramatique, </i>qu'on dit </div><div> être parfait. Il paraît depuis peu un <i>Testament </i>dont on ne peut deviner l'auteur : il est de la main </div><div> d'un diable forcé à honorer les saints. </div><div> Quand vous l'aurez lu, je voudrais que vous me disiez de qui vous le croyez : c'est peut-être lui </div><div> faire trop d'honneur que d'avoir cette curiosité.</div><div><i> </i>Ne croyez pas, je vous prie, que je bâille toujours dans mon tonneau; j'ai encore quelquefois </div><div> des moments de gaieté ; mais je n'en ai pas, comme vous, un fond inépuisable en moi-même ;</div><div> je ne la produis pas, mais je la reçois facilement, et surtout quand elle me vient de vous. </div><div> Vous devriez vous reprocher de m'en donner si rarement, et ce que vous ne devez jamais vous</div><div> pardonner, ce sont vos injustices.</div><div><br /></div><div> Lettres (1742-1780) de Madame Du Deffand, édité à Barcelone, le 3 février 2020. </div><div><br /></div><div><br /></div><div><i> </i></div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-18574466623514027022023-11-10T11:33:00.000+01:002023-11-10T11:33:54.327+01:00Armen Tarpinia, soyez de terre aimante, ainsi commence le bonheur !! <div> Ainsi commence</div><div><br /></div><div> Ainsi commence le bonheur, un silence où les mots s'accordent. </div><div> La vie, la mort sont les deux lèvres du soleil, </div><div> La terre éclose en nos visages. </div><div> Oh! bouche ouverte à la naissance ! </div><div><br /></div><div> D'invisibles oiseaux volent dans nos racines. </div><div> L'âme est plus grande que son nom. </div><div> Mais la peur seule a le sourire du démon, a ses poumons de sable. </div><div> La peur qui nous conduit dans la mort sans lumière. </div><div><br /></div><div> Portez la plaine dans vos jambes, et la montagne en vos épaules. </div><div> Donnez la colline à la femme, rendez sa douceur au mystère. </div><div> Soyez de terre aimante !</div><div> Le malheur est un lion que l'amour apprivoise. </div><div><br /></div><div> Armen Tapinion, in Polyphonies, n° 11-12, Poètes tchèques, p.82. </div><div><br /></div><div><br /></div><div> Aimer </div><div><br /></div><div> J'attends que le monde ait fini </div><div> De surprendre mon désir. </div><div> Je suis moulin quand l'eau m'appelle </div><div> Et je suis l'arbre aux mains des fruits. </div><div><br /></div><div> Voûtée d'étoiles je sais la route. </div><div> Je ne suis que vent qui s'ouvre </div><div> Aux merveilles de la graine. </div><div> Et je sais l'angoisse vaine : </div><div> La mort n'est pas une épée, </div><div> Mais au moins inquiet de nous </div><div> La vie inconnue qui repose. </div><div><br /></div><div> ibid, p.83</div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-71309127904499877732023-11-03T10:52:00.001+01:002023-11-03T11:06:15.686+01:00Jean-Claude Pirotte, toujours ce rêve d'être ailleurs . . .<div><br /></div><div><br /></div> Une île ici <div><br /></div><div> il ne sait rien </div><div> il ne voit rien </div><div><br /></div><div> il demeure vacant </div><div> mais jusques à quand </div><div> Catilina </div><div> </div><div> p.11 Jean-Claude Pirotte, Mercure de France, in Une île ici, 2014 </div><div><br /></div><div> vouloir tromper les équinoxes </div><div> est un jeu dangereux </div><div><br /></div><div> la mer se venge un jour </div><div><br /></div><div> or l'île reste coite </div><div> et comme on dit </div><div> fait profil bas </div><div><br /></div><div> ibid p.178 </div><div><br /></div><div> je consacre mes jours</div><div> à restaurer cette île </div><div><br /></div><div> ou à la découvrir </div><div> je ne la connais pas </div><div><br /></div><div> je suis comme Jonas </div><div> au sein de la baleine </div><div><br /></div><div> ibid p.187 </div><div><br /></div><div> je demeure à mon poste </div><div> à la pointe de l'île </div><div><br /></div><div> rongé par les embruns </div><div> captif de la paroi </div><div> </div><div> mais l'île se détourne </div><div> je navigue avec elle </div><div><br /></div><div> sans autre portulan </div><div> qu'un tapis de lichen </div><div><br /></div><div> ibid p.p.188/189 </div><div><br /></div><div> la terre peut tourner </div><div> </div><div> et les vents se dédire </div><div> et l'empan se réduire </div><div><br /></div><div> L'île vire sur soi </div><div> </div><div> ibid p.190 </div><div><br /></div><div> toute île a son revers </div><div> (comme tout médaillon) </div><div><br /></div><div> voici l'heure d'errer </div><div> en quête de la face </div><div><br /></div><div> ibid p.196 </div><div><br /></div><div> L'île est ensevelie </div><div> </div><div> le suaire des brumes </div><div> l'embrasse et la maintient </div><div> hors de l'autre univers </div><div><br /></div><div> et je vais à rebours </div><div> en quête d'une autre île </div><div><br /></div><div> je suis chassé d'ici </div><div><br /></div><div> ibid p.p.198 </div><div><br /></div><div><br /></div><div><br /></div><div> </div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-76132605693659597312023-10-30T18:23:00.000+01:002023-11-10T10:32:53.774+01:00Erick de Rubercy, hommage à l'art des jardins et de ses jardiniers<div><br /></div><div><br /></div> "C'est un spectacle ravissant que la lumière du soleil éclairant de ses rayons l'orée de <div> cette allée qui bientôt se perd dans l'ombre fraîche et profonde des arbres qui se dressent de </div><div> part et d'autre. Elle peut même sembler plus lumineuse de se trouver dans leur ombre.</div><div><div> Finalement les allées ne sont que des entrées et des sorties de lumière, d'ombre, d'ombre et </div><div> de lumière; c'est une partie continuelle qui s'y joue. </div><div> Et puis, chaque allée est une allée qui a été conçue par un homme, dessinée sur un plan </div><div> parmi des verdures schématiques faisant comprendre où est un taillis et où est une futaie. </div><div> Allées parcourues et entretenues par d'autres qui, avant moi, ont habité et aimé ce parc au </div><div> point qu'il perdure encore. </div><div> Et si je m'y retrouve d'abord moi-même en ce que j'ai ici planté et là abattu un arbre, éclairci </div><div> telle ou telle partie, revivifié une perspective, remis d'aplomb quelque allée dont le centre </div><div> avait tendance à se creuser, je sais que mes ancêtres ont agi de même avant moi. </div></div><div><br /></div><div> Tout comme je suis leurs pas dans ces allées séculaires, je suis leur main au long de ces fûts </div><div> de chênes émondés, façonnés ou de ces cèdres colossaux qui vivant des siècles attestent la </div><div> pérennité.</div><div> "Et combien de pas ont erré à leur ombre circulaire, combien de pensées ont été agitées le </div><div> long de leurs piliers; à votre tour vous prenez la suite des soins, des pas, des pensées, et ces</div><div> arbres qui connaissent un semblant d'immortalité en comparaison de la durée de l'homme,</div><div> vous rattachent ainsi à la génération passée, et vous acheminent vers la génération à venir."</div><div> disait Joseph de Pesquidoux, dans <i>Promenades sous les arbres, </i></div><div> </div><div> in <i>En pays gascon, </i>1958, </div><div> p.94<i> .Paris-Genève,</i> La Palatine.</div><div><br /></div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-51401002177497247492023-10-27T11:18:00.000+02:002023-10-27T11:18:14.339+02:00Christophe Mahy, qu'aurait-il d'autre au-delà de ce qui fuit sans retour ?<div><br /></div><div><br /></div> Des pans entiers <div> de lumière pâle </div><div> droit devant </div><div> un fleuve ou une mer </div><div> rectilignes </div><div> et pour nous </div><div> perdus parmi les choses </div><div> nulle trajectoire </div><div> en dehors de la cendre </div><div> à perte de vue. </div><div><br /></div><div> Christophe Mahy, in Emergences, p.24, L'herbe qui tremble, 2023. </div><div><br /></div><div> Il ne faut rien demander </div><div> il faut juste attendre </div><div> sans vraiment attendre</div><div> le jour </div><div> qui échancre l'horizon </div><div> déjà </div><div> tandis que s'éparpille </div><div> le regard </div><div> au ressaut des lointains. </div><div> </div><div> ibid p.14 </div><div><br /></div><div> Nous n'allons nulle part </div><div> nous nous fions </div><div> à ce qui nous égare </div><div> toujours davantage </div><div> c'est une question de lumière </div><div> avant tout </div><div> qui nous jette ainsi </div><div> dans l'espace </div><div> cherchant la présence </div><div> de ce qui est venu déjà </div><div> au-devant. </div><div><br /></div><div> ibid p.30 </div><div><br /></div><div> C'est l'azur soudain </div><div> sans crier gare </div><div> qui escalade le ciel </div><div> par-dessus l'arête neigeuse </div><div> des corniches </div><div> où un soleil de plein vent </div><div> rêve </div><div> à des naufrages </div><div> possibles. </div><div><br /></div><div> ibid p.42</div><div> </div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-19625906883815412202023-10-20T11:59:00.005+02:002023-10-20T15:00:50.882+02:00Pierre Reverdy, quand un nuage passe trop bas<div><br /></div><div><br /></div> Coup d'aile <div><br /></div><div> Un nuage passe trop bas </div><div> Le chemin s'éclaire </div><div> Le ruisseau rampe et s'en va </div><div> Sous le bois d'où sort la nuit </div><div> La ronce et le lierre </div><div> La soleil accroché </div><div> Aux plis </div><div> Du vieux mur de pierres </div><div> Et le pas de l'homme suivi du nombre fidèle </div><div> Le bruit qui vient </div><div> l'aile qui passe </div><div> Tout est répété dans cette eau </div><div> La peau qui tremble </div><div> Et la glace </div><div> qu'a brisée l'écho </div><div> C'est un oiseau qui sort </div><div> Une main qui se lève </div><div> La voix qui crie plus fort </div><div> Et la tête qui rêve </div><div><br /></div><div> Pierre Reverdy, Oeuvres complètes, Tome 2, Flammarion p.146 </div><div><br /></div><div> Cale sèche</div><div><br /></div><div> Je vais essayer d'écrire </div><div> Déjà je sais ce que je voudrais dire </div><div> Il me manque les mots que les autres ont pris </div><div> Comment faut-il qu'on me comprenne </div><div> Je demande à chacun qu'il y mette sa peine </div><div> Et beaucoup d'indulgence </div><div> Pour pardonner mon ignorance </div><div><br /></div><div> Attendez je vais pouvoir vous dire </div><div> Tout le monde s'en va </div><div> Dois-je en pleurer ou rire </div><div> Même mon ombre hostile s'est écarté de moi </div><div><br /></div><div> Pierre Reverdy, oeuvres complètes in Cale sèche, tome 2, Flammarion p.423 </div><div><br /></div><div> Le dernier mot </div><div><br /></div><div> Avec l'oeil et l'air de la bouche </div><div> Avec le bras caché et la main qui te touche </div><div> Contre le vent qui emporte ton bonheur </div><div> Le froid artificiel que donne la terreur </div><div> La foi marchant sur les épines de l'erreur </div><div> Et sans plus savoir ce que l'on voulait dire </div><div> Les feux de la passion dont il rit à présent </div><div> Tout s'est effacé comme un rêve d'enfant </div><div> Les amis qui sont loin </div><div> Que sont-ils devenus </div><div> Et ses chagrins d'amour où les a-t-il perdus </div><div> Une voix s'est calmée mais une autre s'élève </div><div> La lumière s'éteint </div><div> Le matin se relève </div><div> C'est peut-être lui </div><div> C'est peut-être moi </div><div> ou un autre qu'on ne connaît pas </div><div> lui ou un autre </div><div> Sous l'obstacle profond </div><div> Le trait noir qui s'allonge </div><div> Les allées et venues des visages sans nom </div><div> Quand l'élan s'arrête au mensonge. </div><div><br /></div><div> ibid Pierre Reverdy, tome 2, p.147, in Sources du vent</div><div><br /></div><div><br /></div><div><br /></div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3657709267519266914.post-73248489500010363882023-10-13T10:04:00.012+02:002023-10-16T14:31:30.313+02:00Jean-Yves Masson, quand la nuit profonde tend sa toile au coeur du monde <div> </div><div><br /></div><div> Langage</div><div><br /></div><div> La nuit profonde tend sa toile au coeur du monde </div><div> et couvre tout, nous enveloppe et nous protège </div><div> et le sommeil descend sur nous, présent divin </div><div> où parfois tressaille l'orage. </div><div><br /></div><div> Et ton image est devant moi : ô simulacre </div><div> vers quoi je cours et que j'étreins, et la nuit noire </div><div> répond au rêve avec un grand soupir aride.</div><div> Les étoiles là-haut semblent rire. Je m'éveille. </div><div><br /></div><div> Nos yeux sont clos, nos yeux sont clos, disent les morts, </div><div> nos nuits sans rêve et nos tombeaux </div><div> veulent encore tant d'offrandes à nos membres. </div><div> Nous attendons. Les fleurs ont bu le sang du jour. </div><div><br /></div><div> Jean-Yves Masson, <i>Le voleur d'eau, </i>in <i>polyphonies, n°11-12 / La nuit / </i>Poètes tchèques, p.31 </div><div><br /></div><div><br /></div><div> Poème secret </div><div><br /></div><div> Ce soir, l'enfance est une nuit blessée, </div><div> des pierres saignent sur le sol, </div><div> des mains d'enfants les ont lancées. </div><div><br /></div><div> Au son d'un cri d'oiseau la lune plane </div><div> et dans les bois c'est l'inaudible cor </div><div> de la Dame des Fauves qui frémit. </div><div><br /></div><div> Dans mon corps il y a un dieu prisonnier </div><div> et qui ne veut pas que je pleure. </div><div> Je sais, Mère, où me réfugier. </div><div><br /></div><div> ibid p.32 </div><div><br /></div><div> ES IST WORDEN SPAET </div><div><br /></div><div> Nous sommes venus tard et les chemins mentaient </div><div> qui promettaient une lumière au prix des cendres. </div><div> Les routes étaient sombres et les forêts brûlaient </div><div> là-bas dans le déclin du jour amer. </div><div><br /></div><div> ibid</div><div><br /></div><div> </div><div><br /></div>Le temps bleuhttp://www.blogger.com/profile/12500293900316615039noreply@blogger.com0