Si j'étais moi dit-il
je me transporterais
au coeur du bois sacré
je trouverais l'oiseau
qui parle à mon enfance
et sans le capturer
je connaîtrais le sens
des chants du crépuscule
*
Si je t'écris dit-il
c'est à moi que je parle
et rien n'est impossible
mais si je te revois
je tombe à la renverse
alors il pleut à verse
et je me noie sans cesse
je ne suis accueilli
que par deux ou trois chats
qui me demandent quoi
faire de mes lunettes
et m'apprennent comment
rouler les cigarettes
*
pardon pour mon silence
dit-il à ses amis
unis en archipel
j'ai détourné la voie royale
et je m'en mords les doigts
car cette île a des doigts
un visage scabreux
une épaule trop haute
et des allures torves
et d'attendre demain
la rend méconnaissable
Jean-Claude Pirotte, Une île ici p.p 33/34, paru au Mercure de France, 2014.
Je vous invite vivement à lire ou à relire également le bel article de Jacques Décreau, rédigé à propos de
cet auteur et paru sur La Pierre et le sel sous ce titre: Jean-Claude Pirotte ou l'art de la fugue.
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