Rose. D'une si grande élégance, dont les pétales se
colorent subtilement, du jaune au blanc à l'incarnat.
Qui attire le regard - et la convoitise.
Cela aurait pu être un récit: la rose, le rapt.
Familière, que l'on savait là à l'ouverture du volet,
qui pour ainsi dire nous saluait à chaque aube,
chaque matin qui commençait.
Le regard s'y perdait, ou plutôt se fondait dans
ses nuances : un peu de blanc, puis le jaune léger
qui s'intensifiait jusqu'au liseré plus vif et rouge,
presque, sur les contours de ses tissus.
Or, on ne sait à quoi tient, à quoi se ressource
notre courage. A qui l'on confie notre besoin de la durée.
Le plus éphémère peut nous convaincre de la continuité
- à condition qu'il meure à son heure.
Un matin pourtant il n'y a rien; on le sait sans l'avoir encore vu.
Quand le regard ne se pose plus sur rien, qu'est-ce qui nous est ôté ?
Quand il n'y a qu'un vide au-dessus de la tige déchirée ?
On se souvient, on entend au loin dans le conte le rugissement meurtri
de la bête à qui manquait une fleur.
On a soi-même le coeur en grand désordre où le temps s'est fracassé
Parce qu'une main - trop tôt - nous déroba la beauté.
Bibliographie:
Judith Chavanne, De mémoire et de vent, paru aux éditions L'herbe qui tremble,
2ème trimestre 2023.
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