Attente
Les hirondelles du souvenir
Voyagent d'un doigt à l'autre
Et sur le bout du doigt
Le lézard vert de l'avenir
Mange les mouches du coeur.
Je donnerai cette pastille
à la langue qui baisera l'ennui fidèle,
J'accepterai la main
Qui donnera des graines de soleil,
De lune, d'étoiles et de nuages
à mon perroquet vert.
Je crie :
A moi, à moi, à moi !
Mais je sais bien que ce n'est qu'un perroquet à l'oeil vorace,
Car je n'appelle pas, ni moi, ni vous ni personne.
Sous le masque j'ai mis le vide.
Dans le vide j'ai mis les mille lettres de l'alphabet,
Cela fait un beau concert
Bien qu'il n'y ait personne.
Et pourtant j'attends, j'attends,
J'attends le zéro qui ne viendra jamais.
Dada, Champ libre in l'Anthologie de la poésie française du XX, p.277.
Se confondre
De rien, choses naissez, cruelles apparences,
Néant, vieux magasin, prends ton énergie invisible.
Et toi , bel univers, si vieux, si jeune, ô monde inconnu,
Tu prendras ta place
Dans les draps de mon sang, dans les plis de mes mains,
Sur la paix de mes lèvres,
Je tâcherai de naître à tes apparences,
Je t'interrogerai comme il se doit,
Je t'aimerai pour toi.
Je ne ne serai rien, je serai tout,
Une herbe, un éphémère, un air,
Bételgeuse, une voix -
Non, rien,
Le vide, et la vue.
Ecce homo, p.p 277/278 in Anthologie de la poésie française du XX siècle, NRF,
Poésie/ Gallimard
Georges Ribemont-Dessaignes
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire