" C'est de ce coté-ci que j'aimerais porter mon regard "précise l'auteur, car "la Belle Province"
est poétique et le français une langue, qui fut pour certains une arme de combat pour affirmer
leur identité."
Une piste imaginaire
Si tu t'empares d'un peu de terre,
d'une feuille évadée de sa branche,
est-ce bien pour te souvenir
de ce qui s'est effondré trop tôt
avec la discrétion de l'ombre
glissant sur un mur ?
En cherchant ce pays
dont les distances
ont brouillé la géographie,
tu parviens à suivre
une piste imaginaire
qui te ramène sans cesse ailleurs.
Tu est resté sur l'autre versant,
tu as tenté de te rejoindre,
mais tu n'as saisi que le vide et le vent.
Ce pays ne t'appartient pas :
aucune saison pourtant
ne fera place
à ce qui s'appelle l'absence.
*
Ce qui te porte encore
plus loin que l'horizon,
c'est cette lueur passée
que ton regard a conservée
et qui met en relief
un sommet, une vallée
que les distances n'ont pas abolies,
cela qui te permet
de marcher à l'aveugle
le long d'une route,
de traquer l'absence,
même quand les balises
ont disparu.
Max Alhau, in Poésies de langue françaises, 144 poètes d'aujourd'hui autour de monde,
Anthologie présentée par Stéphane Bataillon, Sylvestre Clancier et Bruno Doucey,
parue chez Seghers , octobre 2008.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire