Tu viens. Sous mes doigts, la permanence, tes seins sont le miel et la braise,
substance et grain des choses, ton ventre brille somptueux, mouvant, le feu prend au fond
du bois de pins.
Tes jambes ont le profil des sables emportés, tourbillonnent, elles mesurent les marées.
Toison heureuse! tu ordonnes tes cheveux, saisissement, frimas, déroules tes cheveux,
délire ocellé du matin, boucles au gré de ton caprice, en cortège et bruit de feuilles, rites
fougueux, migrations,
Voie lactée.
Je ne cillerai pas devant cette splendeur.
Tu viens, je n'ai plus de passé, je n'ai plus qu'à dire ta
puissance et ta louange et la chance à la fois de tout ce que je vois : tu marches et tu parles.
Indissoluble, une île au large d'un ciel calme, l'univers est ton oeuvre, i
il est par toi nommé, porté
jusqu'à l'oscillation de flamme haute en ton nom, certitude.
Nous vivons, nous n'avons point à recueillir des ruines. Vivons, nous comprenons.
Cris du merle à travers l'arbre et la mer entre ces cris, nos doigts noués, le jour nouveau, sources,
ruisseaux, la renouée, la sauge, torrents, cascades, la véronique, l'hélianthème, et lacs et fleuves,
l'iris et la scabieuse, nos regards, rires et chants, ils vont plus loin que le rivage et plus loin que la mer, en tel espace où la mer se franchit d'un coup d'ailes, où la terre est une goutte d'eau, le ciel
le ciel s'y reflète et s'irise en un doux froissement de pétales.
Oh! blanc d'appels et de réponses et d'appels renouvelés, notre corps, origine et soleil, les oiseaux
se dirigent vers nous, s'échappent de nous, bondissant, invincibles, un corps, le nôtre, au centre
créateur, en ce corps, le nôtre, au centre créateur, en ce point de fusion dans le secret d'amour,
dans l'évidence, un corps, le nôtre, origine, éternité.
Pierre Dhainaut, in Le poème commencé, Mercure de France, p.p.85/86,
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