Tous les oiseaux de cet arbre se sont envolés.
Trois vers l'est, trois vers l'ouest et les autres vers le sud.
Et l'arbre, seul, abandonné, est livré à la tempête.
Je dis à ma mère :
- Ecoute, ne me retiens pas surtout pas ! Je vais, maman, et une et deux, devenir oiseau...
J'irai sur l'arbre et je le bercerai par-delà l'hiver
D'une belle mélodie, je le consolerai
La mère, en larmes, dit à l'enfant :
- Tu risques sur l'arbre, Dieu me garde, de prendre froid.
Je dis:
- Maman c'est dommage...Tes beaux yeux...
Et quoiqu'il arrive, je suis déjà oiseau.
La mère pleure :
- Itsik, ma couronne !
Prends, pour l'amour de Dieu, prends au moins un châle, dehors tu risques de geler.
Et les bottines, chausse-les, l'hiver est rude, et prends aussi le lainage.
Pour moi, la peine et l'amertume.
Et prends le manteau d'hiver, mets-le, inconscient !
Si tu ne veux pas être invité à la table des morts...
Je soulève l'aile, ça m'est difficile.
De trop de choses, la mère a habillé son faible petit oiseau
Je regarde tristement les yeux de ma mère :
son amour ne m'a pas permis de devenir oiseau.
Sur la route il y a un arbre, un arbre tout courbé.
Tous les oiseaux de cet arbre se sont envolés.
Itzik Manger , in Tamara, Des racines jusqu'aux ailes,
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