Le cercle horizontal reculé presque derrière les nuages et la grande calotte bleue sans accrocs, à caresser; à l'aube, la plaine d'un brun blond, toute embuée de vapeurs bleues, s'éveille.
Les caravanes s'étirent. Les chameaux jaunasses, dont les genoux sont liés en X,
sautillent en s'aidant de coups de tête. De petites chèvres curieuses viennent vous dévisager.
Puis tout cela se met en route sur l'interminable sentier sans ressaut.
La lumière croît. On dirait qu'elle contourne les objets, tant les ombres même sont mordantes.
Cela se parsème de sons grêles comme des tintements de clochettes, comme le heurt des os de
chameaux.
Des poussières dorées blondissent, qui sentent brun et âcre, vous évoquent l'encens; non plus la
drogue édulcorée des paroisses riches, mais ces résines impures à peine malaxées, toutes chargées
d'autres arômes de terroir.
Quelques versants de montagnes bien arrosées, tels ceux de "Gan-Libache", offrent une végétation
superbe, non moins belle que celle des monts éthiopiens.
Le naturiste Mengès y a reconnu le genévrier gigantesque et la magnifique "djibara" tressant sa
hampe florale à plusieurs mètres de hauteur.
Les caféiers prospèrent sur les avant-monts du massif du Choa.
Après les pluies légères qui tombent dans la contrée, c'est une mer de hautes herbes, interrompues
en quelques endroits par des champs de cailloux".
in Les "finisterres" de l'esprit, p.p.90,/92, Kenneth White, paru aux éditions de Scorff,
le 14 mars 1998.
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