cette allée qui bientôt se perd dans l'ombre fraîche et profonde des arbres qui se dressent de
part et d'autre. Elle peut même sembler plus lumineuse de se trouver dans leur ombre.
Finalement les allées ne sont que des entrées et des sorties de lumière, d'ombre, d'ombre et
de lumière; c'est une partie continuelle qui s'y joue.
Et puis, chaque allée est une allée qui a été conçue par un homme, dessinée sur un plan
parmi des verdures schématiques faisant comprendre où est un taillis et où est une futaie.
Allées parcourues et entretenues par d'autres qui, avant moi, ont habité et aimé ce parc au
point qu'il perdure encore.
Et si je m'y retrouve d'abord moi-même en ce que j'ai ici planté et là abattu un arbre, éclairci
telle ou telle partie, revivifié une perspective, remis d'aplomb quelque allée dont le centre
avait tendance à se creuser, je sais que mes ancêtres ont agi de même avant moi.
Tout comme je suis leurs pas dans ces allées séculaires, je suis leur main au long de ces fûts
de chênes émondés, façonnés ou de ces cèdres colossaux qui vivant des siècles attestent la
pérennité.
"Et combien de pas ont erré à leur ombre circulaire, combien de pensées ont été agitées le
long de leurs piliers; à votre tour vous prenez la suite des soins, des pas, des pensées, et ces
arbres qui connaissent un semblant d'immortalité en comparaison de la durée de l'homme,
vous rattachent ainsi à la génération passée, et vous acheminent vers la génération à venir."
disait Joseph de Pesquidoux, dans Promenades sous les arbres,
in En pays gascon, 1958,
p.94 .Paris-Genève, La Palatine.
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