Langage
La nuit profonde tend sa toile au coeur du monde
et couvre tout, nous enveloppe et nous protège
et le sommeil descend sur nous, présent divin
où parfois tressaille l'orage.
Et ton image est devant moi : ô simulacre
vers quoi je cours et que j'étreins, et la nuit noire
répond au rêve avec un grand soupir aride.
Les étoiles là-haut semblent rire. Je m'éveille.
Nos yeux sont clos, nos yeux sont clos, disent les morts,
nos nuits sans rêve et nos tombeaux
veulent encore tant d'offrandes à nos membres.
Nous attendons. Les fleurs ont bu le sang du jour.
Jean-Yves Masson, Le voleur d'eau, in polyphonies, n°11-12 / La nuit / Poètes tchèques, p.31
Poème secret
Ce soir, l'enfance est une nuit blessée,
des pierres saignent sur le sol,
des mains d'enfants les ont lancées.
Au son d'un cri d'oiseau la lune plane
et dans les bois c'est l'inaudible cor
de la Dame des Fauves qui frémit.
Dans mon corps il y a un dieu prisonnier
et qui ne veut pas que je pleure.
Je sais, Mère, où me réfugier.
ibid p.32
ES IST WORDEN SPAET
Nous sommes venus tard et les chemins mentaient
qui promettaient une lumière au prix des cendres.
Les routes étaient sombres et les forêts brûlaient
là-bas dans le déclin du jour amer.
ibid
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