Un nuage passe trop bas
Le chemin s'éclaire
Le ruisseau rampe et s'en va
Sous le bois d'où sort la nuit
La ronce et le lierre
La soleil accroché
Aux plis
Du vieux mur de pierres
Et le pas de l'homme suivi du nombre fidèle
Le bruit qui vient
l'aile qui passe
Tout est répété dans cette eau
La peau qui tremble
Et la glace
qu'a brisée l'écho
C'est un oiseau qui sort
Une main qui se lève
La voix qui crie plus fort
Et la tête qui rêve
Pierre Reverdy, Oeuvres complètes, Tome 2, Flammarion p.146
Cale sèche
Je vais essayer d'écrire
Déjà je sais ce que je voudrais dire
Il me manque les mots que les autres ont pris
Comment faut-il qu'on me comprenne
Je demande à chacun qu'il y mette sa peine
Et beaucoup d'indulgence
Pour pardonner mon ignorance
Attendez je vais pouvoir vous dire
Tout le monde s'en va
Dois-je en pleurer ou rire
Même mon ombre hostile s'est écarté de moi
Pierre Reverdy, oeuvres complètes in Cale sèche, tome 2, Flammarion p.423
Le dernier mot
Avec l'oeil et l'air de la bouche
Avec le bras caché et la main qui te touche
Contre le vent qui emporte ton bonheur
Le froid artificiel que donne la terreur
La foi marchant sur les épines de l'erreur
Et sans plus savoir ce que l'on voulait dire
Les feux de la passion dont il rit à présent
Tout s'est effacé comme un rêve d'enfant
Les amis qui sont loin
Que sont-ils devenus
Et ses chagrins d'amour où les a-t-il perdus
Une voix s'est calmée mais une autre s'élève
La lumière s'éteint
Le matin se relève
C'est peut-être lui
C'est peut-être moi
ou un autre qu'on ne connaît pas
lui ou un autre
Sous l'obstacle profond
Le trait noir qui s'allonge
Les allées et venues des visages sans nom
Quand l'élan s'arrête au mensonge.
ibid Pierre Reverdy, tome 2, p.147, in Sources du vent
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