Allô allô
Messieurs les voyageurs sont priés
de fermer les paupières.
Il y en a qui vont bien loin
chercher ce qu'ils croient
ne plus pouvoir trouver là.
Pour moi je ne me déplace plus guère
depuis que je sais pour l'avoir rencontré
que le monde entier attend dans l'escalier.
Car l'aventure voyez-vous que je croyais
au bout de la route
était cachée tout près sur le palier.
C'est depuis ce temps-là
que je suis celui qui voyage
exclusivement de l'alcôve et du matelas
celui qui tire sur les promesses de l'aube
ses yeux et ses draps
et qui s'en va.
Mes rêves sont des trains de nuit qui s'enroulent
dans ma tête
des fracas de lumière qui déboulent
qui accrochent dans les airs des rubans
des rubans de clochettes.
Je suis cette espèce de mage qui voyage du stylo
de la tête et du langage.
Je suis celui qui a besoin de fermer les paupières
pour mieux voir au loin le pain l'espoir
et la lumière,
Celui aussi qui se réveille parfois en sursaut
constate que les lames du parquet n'étaient
ni des rails ni des oiseaux.
Celui dont l'eau salée flouée crevée des larmes
contient alors tous les bateaux.
in Le vendeur de murmures, Philippe Garnier,
Les mots qui penchent, 1988, p.p.21.22
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