Port des Barques
vendredi 4 décembre 2020
Et si Federico Garcia Lorca revenait nous parler de poésie
De vive voix, à Gerardo Diego
Mais que vais-je dire, moi, de la poésie? Que vais-je
dire de ces nuages, de ce ciel? Regarder, regarder, les
regarder, le regarder, et rien d'autre. Tu comprendras
qu'un poète ne peut rien dire de la poésie. Laisse ça aux
critiques et aux professeurs.Mais ni toi,ni moi,ni aucun
poète ne savons ce qu'est la poésie.
Là:regarde.Je porte le feu au creux de mes mains.
Je le comprends et le travaille parfaitement, mais je ne
peux parler de lui sans littérature. Je comprends toutes
les poétiques; je pourrais en parler si je ne changeais
pas d'avis toutes les cinq minutes. Je ne sais pas. Peut-
être qu'un jour j'adorerai la mauvaise poésie, comme
aujourd'hui j'aime (nous aimons) à la folie la mauvaise
musique. Je brûlerai le Parthénon la nuit, pour le rebâtir
au matin, et ne jamais l'achever.
Dans mes conférences, j'ai parlé parfois de la poésie,
mais la seule chose dont je ne peux parler, c'est de ma
poésie. Ce n'est pas parce que je suis inconscient de ce
que je fais. Au contraire, s'il est vrai que Dieu - ou le
diable- m'a fait poète, il est aussi vrai que je le suis par
la grâce de la technique et de l'effort, et parce que je me
rends absolument compte de ce qu'est un poème.
in Une colombe si cruelle, Poèmes en prose et autres textes
de Federico Lorca, éditions Bruno Doucey, 2020, p.p.117/118
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