Là tout de suite et pas plus tard
tu voudrais savoir
Savoir pourquoi quand on avance la distance
ne rétrécit que parce qu'elle entre dans le corps
le traverse comme une lance
pourquoi toutes ces ombres dans les coins
sont des sacs qu'il faudra un jour porter
pourquoi la même main qui caresse la beauté
en appuyant un peu découvre et palpe la tumeur
pourquoi tel visage qui allait vers un autre
s'est détourné emportant sa part du baiser
comme une moitié de fruit
savoir pourquoi tous les arrêts du pire ne sont
que provisoires dans cette vie comme une gare
où rien n'est crié hors de la bouche
même si on voit du sang sous les roues des trains
peut-être est-il temps de mordre
à tous les fruits impalpables
qui n'ont que le soleil pour chair
mordre à l'aube mordre à l'eau
qui n'a pas connu d'étrave
à la peau jamais caressée
à la buée où chaque souffle
donne corps au passé de l'instant
peut-être est-il temps
de briser les vitres pour sauver leur transparence
de tomber sans cri du plus haut étage
de rester en sang sur le trottoir
en attendant que les autos se resserrent
comme des poings
sur passagers et conducteurs
et qu'on laisse enfin passer le vent
et la beauté de l'invisible dans les rues
ibid p.41/p.42
Je vous invite vivement à lire ou à relire également, l'article précédent rédigé à propos de cet auteur,
paru en ligne le 22/05/20, sous ce titre : "Jean-François Mathé, "ce qu'aucun mot ne saurait dire" .
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