Tu vis dans les mots, alors que tu voudrais habiter les couleurs.
T'enfoncer dans le flamboiement de lumière qui est source du
langage, mémoire furtive des jours, parole incandescente de feu.
Ton regard se fait guetteur d'ombre et d'absence. Tu écris des poèmes
avec l'alphabet du temps. Lettres et signes sont l'hôte de ta main.
Le soleil creuse à flanc de colline le visage des saisons à venir.
Là où la terre s'arrête, la mer commence son périple sans fin.
Mais tu refuses de prendre le large, même sur une barque légère.
Tu es trop enraciné dans le roc, comme un arbre qui du haut de la
montagne surveille la chute du torrent. En ce monde d'exil et de ruines,
tu n'auras fait que lire des livres aux pierres, réciter des poèmes au vent.
Mais les mots finissent par t'apparaître comme des songes imaginaires.
Même le désert est un miracle !
in Paysages nomades, François Teyssandier, Écrire et peindre au-dessus de la nuit des mots, p.78, Voix d'encre 2010.
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