j'erre sur un chameau,
la lune est mon témoin ;
s'il tombait et succombait –
j'enfouirais mon visage
entre sable et sable.
Donne-moi un œil pour éjecter
le cerveau dans le feu
et parmi tout ce qu'il y a
danser à vide tel un tourbillon
jusqu'à ce que je tombe là comme une ombre.
Laisse la soif boire l'eau du puits pour qu'après nous
elle demeure comme un souvenir ardent et carillonne en annonçant
que la nuit tombe et que le troupeau approche
comme le bébé vers le sein
quand tout devient un, que les ténèbres enveloppent à nouveau
la tente et le cœur,
c'est alors que moi aussi je reviens - sonorité sans début
chant sans fin, sans aucune parole :
Qui étiez-vous tous ? Je ne me souviens pas - seule une
langueur et un désert.
Je n'ai pas de demain, rien que maintenant, pas de sépulture,
rien qu'une étoile
et de là, comme la faim, je viens vers le cœur
qui n'en finit pas
et là, je me brise -
le tout et le rien, comme des vagues.
Si je n'ai pas de moi, alors qui est dedans ?
Une langueur et un désert.
Amir Or, traduit de l'hébreu et de l'anglais par Isabelle Dotan,
in Dédale, maelstrOm reEvolution, 2016, p.p.66/69
Ce texte d'Amir Or s'accorde parfaitement aux temps d'incertitude que nous traversons. Qui sommes-nous et qui voudrions être face à l'inconnu que nous réserve l'avenir?
Lors d'un voyage itinérant à dos de chameau dans le Sahara algérien, en 1980, j'ai souvenir de m'être endormie, chaque soir, à la "belle étoile" dans mon sac de couchage, à ras du sol et dans
un lieu chaque fois différent .
Réveillée par le lever de la lune, j'allais alors marcher autour du campement dans un tête à tête étrange et fabuleux avec le désert!
Une nuit, m'étant égarée entre des allées de colonnades de pierre dressées, toutes semblables,
j'ai su, dans un frisson, ce que voulait dire "perdre ses certitudes"!
Bibliographie:
Dédale , Amir Or, in Maelström REEVOLUTION, 2016
sur internet:
https://www.inventoire.com/amir-or-portrait-dun-poete-engage/
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