Je ne suis pas celle que je parais. Je ne suis pas cette
femme du vingt et unième siècle qui trébuche dans
un monde qu'elle ne reconnaît pas. Un monde qui
éradique les rêves comme elle broie dans ses jungles
les plus démunis.
Tous les livres lus, toutes les cantates écoutées ont
pénétré ma chair. Mots et sons m'ont cuite au feu très
doux d'une prairie. J'ignore le nom de cette matière
nouvelle, mais je sais que les digitales y fleurissent en
liberté.
in Variations- prairie, éditions Tipaza, 2020, p.14
La digitale, qui ressemble à un doigtier renversé, a la propriété de ralentir les battements du cœur, tout comme le confinement dont nous sortons tout juste.
Devoir oublier l'extérieur, renoncer à nos enfants et amis, à nos activités préférées, fut une épreuve sans précédent. Et voici qu'elle semble désormais faire partie de l'avenir!
manquer de sève d'iode ou d'embruns
avoir le souffle court
à l'étroit sous les côtes
appeler les graminées à l'aide
embarquer sur leurs ondulations
désirer le vent convoquer les buses les geais
les hoche-queues.
On peut entrer dans les eaux vertes
percevoir l'infini grésillement des insectes
le roulis de la rivière
le ciel d'un bleu laiteux.
Dans la lumière se défaire des loques du jour
aborder la splendeur du simple.
Couteau luisant
entre les herbes et l'oubli.
*
Une cloche sonne dans le lointain
la tourterelle a cessé de se plaindre
invisible derrière la lisière des aulnes
un chien aboie.
On ne sait pas ce qui se trame.
Des fils se tendent entre les sons les couleurs
le silence
des fils tissent un berceau à la mesure du ciel.
Une naissance se prépare.
Suffit-il d'aiguiser l'attention pour libérer le passage ?
ibid p.p.15/16
 chacun d'entre nous de trouver désormais ses armes intimes pour mieux affronter l'avenir !
Bibliographie:
Françoise Ascal, Variations-prairie, suivi de Mille Étangs, Lettre à Adèle, Colomban, peintures de Pascal Geyre, éditions Tipaza, 2020.
sur internet:
http://lintula94.blogspot.com/2016/05/francoise-ascal-le-desir-rayonnant.html
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