On se sait là. À peine présents. Presque déjà partis.
Entre deux éclats d'une résonnance qui n'est pas tout à
fait la nôtre. Qui n'est pas tout à fait visible.
On interroge l'aube
de nos bras levés.
Le chemin d'une saison et puis d'une autre.
La venue de la pluie, d'un bruit, d'une avancée dans le
silence, pour rêver que se frôle une parole au bord de
l'ombre.
On regarde le monde dans une fraction.
Une marche si lente. Hors de portée. Presque
suspendue. Peut-être déjà l'amorce d'un recul.
Quelque chose qui vient ou s'en vient et dont on
connaît si peu.
Une sorte d'étincelle. D'éclair de jour dans le jour.
Que l'on ne sait nommer.
Ne saurait voir.
À qui l'on s'abandonne malgré sa fuite à l'infini.
Chaque existence venante.
Chaque existence repartante.
Là se guette une déchirure
l'annonce d'une réplique.
On ne sait comment ni pourquoi cela.
On ne sait rien.
Ni la lumière
Ni sa poussière évasive qui se fragmente entre deux
instants de regard sur le ciel.
On observe la dissolution de ce qui passe.
Le retrait de ce que l'on suppose.
in Ce dont il ne reste rien, Poème de Lionel Jung-Allégret,
encres de Catherine Bolle, Poésie Al Manar, 2017, p.p.13/14/15
Ce poème s'accorde parfaitement à notre quotidien, plus qu'incertain, et nous offre l'opportunité de reprendre un peu de distance et de philosophie quant à l'avenir.
Vous pourrez lire ou relire un précédent article, rédigé par moi à propos de l'auteur, et paru sur la Pierre et le sel, en 2013, sous ce titre : Depuis ce corps devenu douleur .
https://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2013/11/lionel-jung-all%C3%A9gret-depuis-ce-corps-devenu-douleur.html
ainsi qu'un second article, paru sur Le Temps bleu, le 22 janvier 2016, sous le titre: Lionel Jung Allégret, un écart incalculable.
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