Port des Barques

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vendredi 17 avril 2020

Hassan Wahbi, combien vivre surprend !



         Le regard fouille la terre
         les pierres immobiles,
         il sait maintenant
         comment les paysages
         tombent en ruine
         comment étouffent les chemins
         comment les pas deviennent plombés
         comment les langages rêvent d'autodafé
         comment les oiseaux sont arrachés au ciel
         comment vivre surprend
         en temps de détresse.

        in Un chant dans l'étroitesse des jours, Poésie Al Manar, 2017, p.61

L'auteur, Hassan Wahbi est un universitaire, qui enseigne, à Agadir, au Maroc.
Sa voix nous rejoint comme un chant au cœur de notre confinement, alors même que nous en ignorons la fin.

          Écrire aujourd'hui
          n'est pas effet de littérature
          mais le lieu renaissant
          là où ton corps frappe l'air
          par ton école de silence.
          Je garde tes désirs sur mon épaule
          dans la poitrine ouverte
          à l'âpreté des confidences mortes.
          Écrire un peu pour ouvrir tes yeux,
          ton ciel de terre.

          ibid p.31

          Tout un jardin disséminé
           et tant de couleurs jetées à terre
           par la mort hâtive
           hors saison
           fureur d'un dernier fruit
           dont j'ignore
           la langue
           l'arbre premier
           la clameur de l'ultime solitude.

           ibid p.56

Grâce au poète, dans l'espace restreint dont nous disposons actuellement, "respirent ensemble l'absence et la présence, oscillent le rêve et le réel, le toucher et l'impalpable, le connu et l'indéchiffrable".

            C'est dans cette marge inaudible
            qu'il n'y aura plus désormais
            de différences entre tes yeux
            d'avant et tes yeux à venir,
            pour reprendre à neuf
            tes origines
            la profondeur
            de ce qui est inscrit
            quelque part
            dans les heures erratiques de ce qui semble achevé.

            ibid p.60

             Maintenant je te regarde sans les yeux
             Je te touche sans les mains.
             Avec tant de mémoire
             nous venons de la même blessure.

             ibid p.27

             Parfois quand les nuits
             sont éteintes
             quelques étoiles glissent
             dans l'atmosphère
             des souvenirs
             pour rappeler la faiblesse
             des origines, 
             nous guérir de la vie même.

            ibid p.73

Les mots parlent d'eux-mêmes et se passent de commentaires, un recueil grave pour des jours graves, qui exigent le meilleur de nous-mêmes.

Bibliographie:

  •  Un chant dans l'étroitesse des jours, Hassan Wahbi, Poésie Al Manar, 2017

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