Port des Barques

Port des Barques

vendredi 5 mai 2017

Fouad El-Etr exprimer l'indicible



         SI ELLE PENSE

         Si elle pense je l'entends
         Si elle bouge mon cœur bat
         Si elle rêve j'apparais

         Si je bois elle s'enivre
         Quand elle est là j'ai soif
         Et faim et je suis ivre
 
         in Là où finit ton corps, éditions La Délirante,1983, p 21

 Le poète célèbre tout au long de ce recueil la femme qu'il aime, tant et si bien que le jet d'eau a un profil de jeune fille...et l'herbe se souvient de son allure si légère, et que nous sommes pleinement sous le charme de sa voix.

         GRANDS OUVERTS

         Ainsi dormons-nous grand ouverts
         Comme les deux pages d'un livre
         Sur tant de feuilles déjà noires
         Et sur ces feuilles toutes blanches
         Qui ne seront jamais écrites
         Que dans les songes

         ibid  p.19

où finit ton corps commence ta présence, disait pourtant le titre de ce recueil... soudain, je comprend que ce texte, rédigé au présent, est un hommage posthume qui ne redonne vie à l'aimée que le temps d'un poème, hélas !

          LÀ OÙ FINIT TON CORPS

          Là où finit ton corps
          Commence ta présence

                              *
          Ta voix tes yeux ton front
          Tu ne peux pas être plus nue

                              *
          Mes mains de les toucher s'envolent
          Comme des ailes de ton cœur
          Tes seins

                              *
          Tu embellis à vue d'œil
          Tant je rêve de toi
          La nudité est ton fort

                               *
           Leur souvenir prolonge tes caresses
           Chacun de nous s'endort du coté de l'autre
           Et son rêve l'éclaire

                               *
           De seulement te regarder
           Ton miroir se trouble

                               *
           Si tu es si transparente
           C'est que m'attire l'invisible
         
           ibid p.24


          SI ELLE PARLE

          Si elle parle je respire
          L'air qui entoure sa poitrine
          Si seulement elle me touche
          Je deviens transparent

          Elle m'habite en son absence
          Et je ne suis que ce qu'elle sent
          Désire entend voit rêve pense

          ibid p.23


Fouad El-Etr est né au Liban en 1942. Il vit à Paris. Il est le fondateur de la revue de poésie, La Délirante, créé en 1967 et de la maison d'édition du même nom, où il a publié de nombreux poètes tels Schéhadé, Borges, Cioran...
Le soin apporté à l'édition, la remarquable qualité du papier, de l'impression, des gravures qui l'accompagnent font de ces livres des livres précieux.

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