1
Comment es-tu si douce toi qui n'es pas pierre de fleuve ?
tu polis ton corps
avec les caresses des hommes
avec la rivière qui s'écoule
je laverai avec du lait pur
les pousses qui bourgeonnent en toi
et ce qui brûle au loin
sans se consumer jamais
le bois de ta voix
comme une barque fantôme
ce que nous disions au milieu du chemin
ce qui naquit de nos larmes
2
Je suis vivant
et peut-être plus que vivant
car je suis mort
et je viens de renaître
je t'accompagne de loin
à peine vivant
à peine mourant
ressuscitant
ton ombre
viendra jusqu'à mes bras
vivante comme le jour
immense
marchant contre le vent
3
Nous avons perdu l'arche du rêve
et les totems multicolores
se désespèrent
nous avons perdu l'arbre doré
et les chevaux aux fleurs de soleil
maintenant j'ai peur de ton cri inaudible
de l'odeur de ton corps
de ta douleur
il nous reste la justice du secret
l'ombre que nous laissons sur l'eau
pourquoi est-il si rouge
ce feu où je brûle mes ordures
4
Est-ce toi qui trembles dans les mots
peux-tu me regarder
ou m'écouter
invisible
dans ton excès de silence
je te sens respirer
et soudain ton offrande de larmes
blesse l'ombre
et la couleur de la neige
12
Approches-toi de mon corps
comme je m'approche
d'un arbre qui tremble
de la trace de ma main et de ma bouche
sur la terre humide
viens vers moi à genoux
respirant des feuilles mortes et des racines.
Luis Mizo'n, in la Revue Décharge 118, Le dé bleu, juin 2003.
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