Il n'y avait que le silence...
Il n'y avait que le silence
Derrière chaque mot volé
La route expirait dans les pierres
Entre les murs écroulés
Et pourtant le dernier poète
Tendait l'oreille vers la mer
Et cherchait encore à saisir
L'insaisissable oiseau de la parole.
Jean Rousselot, par André Marissel, in Refaire la nuit, p.107, Poètes d'aujourd'hui. Seghers,
p.p.107/108
"C'est à mots couverts qu'on peut vivre" écrivait Jean Rousselot dans Journal.
Par les temps qui courent, que faisons nous d'autre que de jongler avec l'insaisissable?
Les Moyens d'existence
(Extrait)
à Jean Grosjean
I
De l'aube au soir il ne se passe rien
Entre les maisons repliées sur elles-mêmes
Comme des feuilles grillées par le gel
Et pourtant la mécanique infiniment précise du jour
Ne cesse pas un instant de ronronner
Sur les jardins pétris de minuscules espérances.
Toute une éternité inutilement généreuse
Puisque d'un homme à l'autre ne court aucun sentier,
Puisque le ciel désert est seul à écouter
Sa rumination douce.
ibid p.137
En espérant que cette rumination douce vous touche, amis lecteurs, et nous ouvre une voie vers "l'oiseau insaisissable", car "c'est à mots couverts qu'on peut vivre" affirmait le poète, en pleine guerre.
Je suis le caillou sous l'averse
Oublié même de la nuit
Qui pense à ses gangues lointaines
Où le ver se lovait sans bruit
Sans mains sans yeux sans voix sans souffle
Comment surgir de ma maison
Comment embrasser ceux qui passent
Comment courir vers les nuages
Comment surtout me faire entendre
De l'homme qui remue en moi
Qui compte sur moi pour trouver
Sa route entre les pierres mortes
in Le Poète restitué, cité dans la préface du recueil cité ci-dessous.
Bibliographie:
Jean Rousselot, par André Marissel, Poètes d'aujourd'hui. Seghers.1973.
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