C'est ma dernière levée d'oiseaux
avant de casser le calme de l'air
et cette parole égale aux larmes
en forme de mots cristallins
qui me viennent pour dire adieu
à la journée couchée sur le sable
moi retourné vers le futur sans moi
je vois la mer qui va et vient
le bleu du ciel qui tombe du ciel
in Une poignée de monde, Le ciel en marche, Gallimard 2006, p.67
Écrivain, poète et critique littéraire et ami de Samuel Beckett, Ludovic Janvier est décédé à 82 ans, le 20 janvier 2016. Je dois sa découverte aux rayons de poésie de la librairie Tschann, 125 boulevard du Montparnasse, à Paris 6ème.
Vent, mer, sable, oiseaux sont pour beaucoup des mots de saison, évocateurs de départs estivaux vers d'autres horizons.
À ceux qui restent, le plaisir de tendre la main vers un des rayons d'une bibliothèque, d'y choisir un livre et de s'y plonger. Il leur viendra peut-être la joie de vivre une aventure intérieure :
À supposer que les oiseaux se taisent
toujours une branche craque au bord de l'écoute
à supposer que le bois ne s'étire pas
toujours on y devine une rumeur de vent
à supposer qu'on n'entende plus le moindre souffle
dans le calme il y a toujours un bruit qui se prépare
à supposer que l'imminent demeure imperceptible
il reste ce murmure en moi parce que je t'attends
à supposer qu'un jour je renonce à t'attendre
le silence écoutera toujours venir la fin d'attendre
ibid p.68
Fidèle, la poésie vous décharge sa vie en bouche et vous barbouille d'existence.
Écouté par les oiseaux
brusque silence à Paris
le soleil égal sur tout
un seul pas et tu pénètres
dans l'instant bleu de lumière
goutte en suspens sous le ciel
où parler commence à neuf
ibid Le ciel en marche, p.57
Bibliographie:
- Une poignée de monde, Gallimard 2006
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