vendredi 15 novembre 2024

Annie Salager, on voudrait que la mémoire puisse couler lentement pour toujours...



          Massacre  

          On voudrait presser la lumière du jour, qu'elle puisse couler lentement comme un jardin dans un                  puits. 
          On voudrait que la mémoire s'immobilise au coeur d'une rose en ressemblant à n'importe quelle                  abeille de rien du tout, on voudrait. N'est pas faite pour cela sans doute puisqu'elle flaire plus                      souvent sa propre substance meurtrie que les paroles des lumière.
 
          En réalité, il pleut partout la barbarie, du dehors au dedans ça déchire. 
          Et quand il ne reste rien du jour que la poussière, ça veut détruire encore, par ce peu de fumée 
          qui s'élève des cendres en arrachant des cris.

          in°11/12,de Polyphonies, La nuit, Poètes tchèques, Annie Salager, p.42.

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